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Les médias américains : la Super-Classe va-t-elle accoucher d’une candidature « de salut public » ?

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25 juillet 2020

Temps de lecture : 15 minutes
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Les médias américains : la Super-Classe va-t-elle accoucher d’une candidature « de salut public » ?

Temps de lecture : 15 minutes

[Pre­mière dif­fu­sion le 26 juin 2020]

Nous publierons chaque mois jusqu’à novembre 2020 une chronique de notre correspondant en Amérique du Nord sur l’élection présidentielle américaine de 2020 dans les médias, voici la première. Trump avait fini avril avec de bons sondages, le mois de mai et le début juin ont vu des changements significatifs.

Les médias américains, la pandémie et la fin du Mullergate

Les médias n’avaient pas réus­si à faire croire à la pop­u­la­tion qu’il avait du sang sur les mains du fait de sa ges­tion de la pandémie. Le mois de mai s’annonçait donc bon pour la Mai­son-Blanche, le Min­istère de la Jus­tice faisant pro­gress­er les enquêtes en cours du « Spy­gate » comme du « Fly­n­ngate ». Sans oubli­er, le 3 juin, l’effondrement de Rod Rosen­stein, ancien min­istre-adjoint de la Jus­tice et organ­isa­teur de l’investigation Muller, devant la com­mis­sion d’enquête du Sénat, ce qui pré­fig­u­rait l’ouverture d’un « Mul­ler­gate » (autrement dit la remise en cause de tout l’exercice de la col­lu­sion russe avec Trump).

L’heure de la revanche allait-elle son­ner ? La thèse du coup d’État semi-légal serait-elle enfin con­fir­mée et les per­pé­tra­teurs séquestrés ? Les sondages exploseraient-ils en faveur de Trump dans la dernière ligne droite de la cam­pagne prési­den­tielle ? Niet !

Il aura suf­fi de deux ou trois semaines pour qu’un par­ti démoc­rate en lam­beaux, ser­vant d’échasses à un can­di­dat aux prési­den­tielles au men­tal sou­vent con­sid­éré comme décli­nant (Joe Biden), reprenne le con­trôle total du pays et que le Min­istre de la Jus­tice Barr soit vic­time d’un chan­tage à la démis­sion. Cepen­dant que plusieurs généraux et l’ancien con­seiller à la sécu­rité nationale de Trump, John Bolton, attaque­nt ouverte­ment Trump, que Fox News leur fait les beaux yeux, et que Trump a désor­mais un « Maid­an-lite » sur les bras. Au point que le Prési­dent se fait main­tenant ouverte­ment cen­sur­er par les médias soci­aux. Bref, la stat­ue Trump chan­celle sur son piédestal. Comme de Gaulle en mai 68…

1) Trois années de révolte du tout Washington : enfin un succès ?

Rap­pel : nous l’avions bien com­pris, Trump avait été exclu du sys­tème Wash­ing­tonien avant même d’y entr­er, et de met­tre en œuvre son pro­gramme : réor­gan­is­er l’État, relo­calis­er l’économie, lancer sa nou­velle étrangère mul­ti­po­laire. Ain­si son dis­cours de Get­tys­burg, pronon­cé peu de temps avant l’élection de novem­bre 2016, était une provo­ca­tion, certes artic­ulée et struc­turée, mais impardonnable.

Con­tre toute attente, Trump a jusqu’ici survécu aux efforts de désta­bil­i­sa­tion ini­tiale­ment menés à son encon­tre par le trio Clap­per, Bren­nan, Comey. Et pour­tant, en dépit de trois années de har­cèle­ment et de blocage par­lemen­taire et judi­ci­aire, Trump a réus­si à relancer l’économie, à créer des mil­lions d’emplois, à dras­tique­ment réduire le chô­mage, à acquérir une con­fi­ance crois­sante de la part des minorités raciales, et à com­mencer le grand ménage à la Mai­son-Blanche, en par­ti­c­uli­er au sein de sa pro­pre équipe de sécu­rité nationale, dont le point cul­mi­nant fut le départ de John Bolton, son con­seiller à la sécu­rité nationale. Inexcusable.

Nous avions il y a plusieurs mois décrit dans ces colonnes les pro­lé­gomènes du Spy­gate, ce terme désig­nant une ten­ta­tive de coup d’État en sou­p­lesse, organ­isé selon toute apparence par l’administration sor­tante. Aujourd’hui, des infor­ma­tions jusqu’ici gelées par les­dites bureau­craties depuis plus de deux ans, mais main­tenant divul­guées, con­fir­ment la ténu­ité comme la vacuité des « faits » qui avaient orig­inelle­ment per­mis de con­stru­ire un scé­nario (le mot est juste) présen­tant Trump et ses équipes comme des agents russ­es. Un scé­nario auquel les médias de grand chemin ne parvi­en­nent tou­jours pas à renoncer.

Une chose devient claire, il n’y avait aucun fait généra­teur pou­vant jus­ti­fi­er des écoutes, des piégeages des équipes de Trump, donc aucune légitim­ité aux enquêtes qui ont miné l’administration Trump, en par­ti­c­uli­er celle du pro­cureur Muller, laque­lle avait semé le doute et fait per­dre la Cham­bre aux répub­li­cains en 2018, ren­dant ain­si pos­si­ble une stratégie d’impeachment. Il n’y avait aucune rai­son donc de coin­cer le général Fly­nn dans un chan­tage au par­jure, pour la sim­ple rai­son qu’aucune enquête con­tre lui aurait dû être initiée.

2) Première contre-offensive sérieuse de Trump

La nom­i­na­tion par Trump en févri­er 2019 de William Barr au poste de Min­istre de la Jus­tice, avait ini­tié un retourne­ment de sit­u­a­tion (lance­ment de deux enquêtes judi­ci­aires – donc crim­inelles — sur l’origine et le mon­tage du Rus­si­a­gate), faisant désor­mais de Barr un « enne­mi pub­lic » bien pire que Don­ald Trump lui-même. Plus récem­ment, la nom­i­na­tion pour quelques semaines de Richard Grenell au poste de Directeur intéri­maire pour la sécu­rité nationale (suivi main­tenant du tit­u­laire, John Rad­cliffe, un fidèle de Trump), a sec­oué le FBI d’avantage qu’une la bombe à neu­tron : Christo­pher Wray, le nou­veau directeur du FBI, bushiste recruté par Trump en août 2017, a ain­si été mis sur la défen­sive. Wray a depuis près de trois ans, et sys­té­ma­tique­ment, joué l’inertie face aux deman­des de lev­ée du secret exigées sur un cer­tain nom­bre de doc­u­ments par les alliés de Trump au Con­grès. Grenell a tout d’abord « sor­ti » les infor­ma­tions de 2017 met­tant à jour l’hypocrisie de ceux qui à huis clos admet­taient que la com­plic­ité de Trump ou de Fly­nn avec les Russ­es était une fic­tion, tout en pas­sant des heures sur les ondes à affirmer que les preuves de la col­lu­sion russe étaient évi­dentes. Le fait est que Grenell a détru­it le fait généra­teur des enquêtes anti-Trump (ce qui a per­mis à Barr d’abandonner les pour­suites con­tre Fly­nn), Mais, en un deux­ième temps, Grenell a livré en pâture une liste de noms de fonc­tion­naires de l’administration Oba­ma asso­ciés à la cam­pagne de dén­i­gre­ment (voire de désta­bil­i­sa­tion) con­tre Trump. De quoi servir de matéri­au aux actuelles enquêtes du Spy­gate! Bref, tout ceci, en con­jonc­tion avec la nom­i­na­tion le 31 mars du par­lemen­taire pro-Trump Mark Mead­ows en tant que directeur de cab­i­net du Prési­dent, con­fir­mait « la prise de pou­voir » de Don­ald Trump sur son admin­is­tra­tion immé­di­ate lui per­me­t­tant désor­mais de nav­iguer vent debout. Ce qui deve­nait dan­gereux pour les adver­saires de Trump.

3) Forces en présence et enjeux

Der­rière la façade et la vio­lence des débats actuels se cache aux États-Unis une vio­lente lutte des class­es, les maîtres de la super-classe rival­isant dis­crète­ment entre eux tout en divisant les esclaves sur des mirages : guer­res raciales ou religieuses, inter­sec­tion­nal­ité, mil­i­tarisme ou non, redis­tri­b­u­tion économique, sup­pres­sion de la police etc.

Plusieurs clans cap­i­tal­istes se dis­putent en effet le pou­voir : les mon­di­al­istes post­mod­ernes-décon­struc­teurs (le clan Obama/frontières ouvertes, héri­ti­er de la ligne Alin­sky, et cham­pi­on de la révo­lu­tion « tech­nétron­ique » de Brzezin­s­ki), les mon­di­al­istes impéri­al­istes-postso­vié­tiques (le clan Bush, héri­ti­er de la ligne Rock­e­feller), les mon­di­al­istes chré­tiens-sion­istes (le clan Trump, héri­ti­er de la ligne Netanyahou).

Les post­mod­ernes-décon­struc­teurs n’ont pas foi en l’État améri­cain pour met­tre en œuvre le pro­jet de par­adis mon­di­al. Il leur faut décon­stru­ire une bonne fois pour toutes le sys­tème améri­cain, ses tra­di­tions, ses struc­tures, ce qui lui reste d’européen. Car il représente en effet un frein à l’enrichissement de l’élite économique mon­di­ale. Aus­si, la poli­tique con­ste depuis trois ans à utilis­er des troupes de choc « ant­i­cap­i­tal­istes-au-ser­vice-du-cap­i­tal­isme », sur le mod­èle des gardes rouges de Mao, afin de d’intimider et de pro­duire des rup­tures cul­turelles. C’est ce que nous voyons aujourd’hui dans les rues, avec la « séces­sion » de com­munes dites républiques indépen­dantes. Il s’agit par ailleurs de grip­per, par l’activisme des juges ou des fonc­tion­naires, le pou­voir judi­ci­aire, et l’ensemble du sys­tème légal. C’est ce que nous voyons aujourd’hui, avec des juges qui se sub­stituent aux pro­cureurs, ou des pro­cureurs mis à la porte qui refusent de par­tir, ou encore avec la flo­rai­son de lanceurs d’alerte par­ti­c­ulière­ment sélec­tifs. Quant aux médias de grand chemin et à leurs cousins dits soci­aux, ceux-ci ont pour mis­sion de recon­stituer la per­cep­tion des électeurs, par la cen­sure, mais surtout aus­si par une réingénierie des faits, dans la ligne du min­istère de la vérité de George Orwell. C’est ce que l’on voit aujourd’hui sur Twit­ter et Face­book, ou encore sur le traite­ment médi­a­tique à deux vitesses de la dis­tan­ci­a­tion sociale, selon les caus­es, bonnes ou mauvaises.

Un clan décon­struc­teur puissant

Il est incon­testable que ce courant décon­struc­teur est de loin le plus puis­sant aux États-Unis. Aujourd’hui, ce courant, révo­lu­tion­naire au sens le plus exact du terme, con­sid­ère que Trump lui a volé le pou­voir en 2016 et, pire encore, qu’il a réveil­lé la par­tic­i­pa­tion élec­torale de l’électorat blanc ouvri­er, dont l’apathie était indis­pens­able pour faire fonc­tion­ner l’intersectionnalité élec­torale. Pour­tant, il lui a été impos­si­ble de faire sur­gir un leader de poids pour faire face à Trump lors de la prochaine prési­den­tielle de novem­bre. Il faut donc le fabriquer.

Un clan postso­vié­tique militaro-industriel

Le clan impéri­al­iste-postso­vié­tique, pour sa part, est struc­turelle­ment minori­taire, mais peut encore compter sur de beaux restes au sein de l’appareil d’État, pour l’instant tou­jours en sym­biose avec le com­plexe mil­i­taro-indus­triel. Mais c’est un courant ten­dan­cielle­ment archaïque car, dans ce monde en boule­verse­ment, il n’est pas révo­lu­tion­naire. Il n’est que le con­ser­va­teur puri­tain des insti­tu­tions mis­es en place en 1776, pour faire de Wash­ing­ton la république uni­verselle. Il se con­tente de faire le jeu des dona­teurs, et tend à se couch­er sur les ques­tions cul­turelles définies par le pre­mier clan. Et s’il prône les change­ments de régimes, y com­pris sur le sol améri­cain, il le fait dans une optique impéri­ale clas­sique. Ses ten­ants veu­lent un mon­di­al­isme asservi au sys­tème financier améri­cain, que ce soit juridique­ment, finan­cière­ment et moné­taire­ment. Ils veu­lent une république uni­verselle « made in the USA », d’apparence judéo-chré­ti­enne, con­traire­ment au pre­mier courant, fon­da­men­tale­ment agnos­tique et ratio­nal­iste. Pour les impéri­al­istes-postso­vié­tiques, la poli­tique con­siste à prof­iter du découpage élec­toral pour con­serv­er le Sénat, et, de façon moins pri­or­i­taire, la Cham­bre des représen­tants. Car c’est du Sénat que par­tent toutes les com­bi­naisons poli­tiques. Jusqu’à l’arrivée de Trump, ce clan n’espérait plus au fond de lui-même gag­n­er la prési­dence, car la com­po­si­tion démo­graphique était entrain de chang­er dras­tique­ment… pour le bien des entre­pris­es dona­tri­ces, avides de main d’œuvre étrangère. En poli­tique étrangère, ce courant, remar­quable­ment incar­né par feu le séna­teur McCain (ou encore par John Bolton, le célèbre con­seiller de Trump récem­ment limogé) s’est don­né pour objec­tif de s’approprier l’Eurasie, Proche-Ori­ent inclus, (ain­si qu’excellemment décrit par Oliv­er Stone dans son film W) afin de con­trôler les ressources naturelles néces­saires à la Chine et à l’Inde, en pleine expan­sion. Ce clan a ten­té de domes­ti­quer Trump, usant par­fois de coerci­tion, par­fois de séduc­tion. Mais Trump n’a bom­bardé ni l’Iran, ni le Venezuela, et encore moins la Russie, ou encore la Corée. Déception.

Un clan chré­tien fondamentaliste

Reste alors le troisième clan, celui des chré­tiens-sion­istes qui mis­ent sur Trump, comme ils avaient aupar­a­vant misé sur le Tea Par­ty. Ces chré­tiens, fon­da­men­tal­istes apoc­a­lyp­tiques, con­sid­èrent que l’accomplissement de la prophétie divine par l’État d’Israël est la con­di­tion indis­pens­able à l’avènement du Christ en gloire, qui régn­era sur tous les hommes. Démo­graphique­ment en perte de vitesse, ils sont cepen­dant bien struc­turés. « Tac­tiques » ils ont choisi Trump le mécréant, et ont vu dans son élec­tion de 2016 l’exécution du plan de Dieu. Ces électeurs sont aujourd’hui focal­isés sur l’éradication (ou la soumis­sion) de l’Iran, incar­na­tion de la Perse de l’empereur Cyrus. Ils sont par ailleurs résol­u­ment hos­tiles à l’islamisme qui ne recon­nait pas le choix fait par Dieu du peu­ple améri­cain comme moteur exclusif de l’Histoire. Ce clan à lui seul ne suf­fit pas pas à Trump. En 2016, ce dernier avait récupéré une grande par­tie de la classe ouvrière blanche, et avait pu béné­fici­er de l’appui d’une grande par­tie des juifs ortho­dox­es, famille religieuse du gen­dre de Trump et de sa fille Ivanka.

4) Dernières nouvelles du front et positionnement de la presse

Pour 2020, la stratégie du prési­dent sor­tant était sim­ple : cap­i­talis­er sur une crois­sance organ­isée depuis deux ans « par décret » en dérè­gle­men­tant la pro­duc­tion d’énergie de schiste, con­tin­uer d’améliorer ses scores au sein des pop­u­la­tions afro-améri­caines grâce à un effort fis­cal de poli­tique urbaine (zones d’opportunités économique) comme de réforme du sys­tème pénal offrant, con­tre l’avis des élus répub­li­cains, à cer­tains (sou­vent pris en main par les évangélistes) une sec­onde chance (libéra­tion anticipée), et enfin de ren­forcer l’adhésion en sa faveur des his­paniques par son machisme (loi et ordre) autant que par son empathie à l’égard du petit com­merce. Jusqu’à présent rien n’avait réus­si à le détrôn­er : l’économie allait si bien et le chô­mage était si faible qu’environ six mil­lions d’emplois n’étaient pas pourvus. L’impeachment, col­lec­tion automne, ren­dit grande­ment ser­vice à Trump, sa ges­tion de la pandémie égale­ment… jusqu’à la fin avril. C’est aujourd’hui de l’histoire ancienne.

La résis­tance ne peut en effet pren­dre le risque d’une réélec­tion de Trump, certes pour son manque de fia­bil­ité en matière de straté­gies mes­sian­i­co-impéri­ales, mais surtout pour une rai­son très sim­ple : l’activisme de son Min­istre de la Jus­tice qui risque de trans­former les enquêtes Spy­gate et Fly­n­ngate en règle­ments de comptes judi­ci­aires préélec­toraux. Et ce ne sont pas seule­ment les séides de l’administration Oba­ma par­tante qui devi­en­nent nerveux, mais aus­si bien des séides des néo­con­ser­va­teurs. Il y avait donc urgence.

Depuis deux mois, l’opération anti-Trump est dev­enue une prodigieuse machine à per­cep­tion, vraisem­blable­ment des­tinée à con­va­in­cre une majorité de l’électorat que qua­tre années de plus avec ce prési­dent cli­vant équiv­a­lent à l’apocalypse. Il sem­ble prob­a­ble que les post-mod­ernes-décon­struc­teurs ont désor­mais fait alliance avec les impéri­al­istes-postso­vié­tiques afin de pro­jeter la néces­sité d’un sur­saut bipar­ti­san « de salut pub­lic » face à l’imminence de la cat­a­stro­phe. Si cette hypothèse est vraie, cela sig­ni­fie que le clan Oba­ma qui tient Biden en otage pré­pare l’annonce d’un tel futur « gou­verne­ment de salut public ».

La con­ver­gence des cat­a­stro­phes des­tinées à apeur­er le bour­geois comme à réveiller les vielles divi­sions se déroule – remar­quable­ment – sur cinq fronts :

1. Ter­roris­er la pop­u­la­tion avec le COVID-19 pour blo­quer la réou­ver­ture de l’économie et empêch­er Trump de faire cam­pagne en pub­lic, tout en pro­tégeant Biden de ses gaffes. For­mu­lons une hypothèse. Trump per­dant l’élection, on ne par­lera plus du COVID, et l’économie se réou­vr­era partout dans le monde, par mir­a­cle, sous le patron­age débon­naire des insti­tu­tions inter­na­tionales comme des mil­liar­daires bien­fai­teurs. Dans l’intervalle, les sondages le mon­trent, les électeurs de Trump eux-mêmes ont peur de la fin du monde. Le meet­ing « de relance »de Trump du 20 juin a été un semi-échec, même si 7 mil­lions d’américains l’ont vu sur Fox News. Quant au cirque de la chloro­quine, il ne fait que con­firmer la thèse selon laque­lle il fal­lait impos­er à la pop­u­la­tion un hori­zon men­tal de deux ans de sac­ri­fices et de refuge dans les abris, offi­cielle­ment pour atten­dre vac­cins et nou­velles drogues.

2. Intimider les par­ti­sans de Trump, physique­ment (dans la rue) ou finan­cière­ment (annon­ceurs pub­lic­i­taires). le meet­ing du 20 juin, à Tul­sa (Okla­homa) a été précédé de man­i­fes­ta­tions antifas, qui prob­a­ble­ment ont eu un effet aggra­vant sur la faible par­tic­i­pa­tion du meet­ing. Pour faire bonne mesure, inciter au ménage chez Fox News. Les Mur­doch y ont fait entr­er de nom­breux démoc­rates — tout en con­ser­vant un noy­au dur de « bushistes » — prob­a­ble­ment inqui­ets des risques de cen­sure pub­lic­i­taire qui frap­pent sou­vent les pro­grammes édi­to­ri­aux du soir, en par­ti­c­uli­er le plus fin de la bande, donc le plus haï, Tuck­er Carlson.

3. Twit­ter et les médias soci­aux ont mis le tur­bo dans la cen­sure. Cela cou­vait depuis longtemps. En par­ti­c­uli­er la fer­me­ture du compte twit­ter du prési­dent avait été évo­quée de façon récur­rente par de nom­breux améri­cains. Le 31 jan­vi­er 2017, Paul Carr, chroniqueur spé­cial­iste des médias soci­aux et auteur du livre satirique Bring­ing Noth­ing to the Party—True Con­fes­sions of a New Media Whore, adres­sait déjà une sup­plique à Jack Dorsey, patron de Twit­ter. Sous le titre « c’est le bon moment, Jack », Carr don­nait à Dorsey une série de raisons, pra­tiques ou morales, pour fer­mer le compte de Don­ald Trump.

L’idée a fait son chemin depuis. C’est en octo­bre 2019 qu’elle a pris corps, de façon insti­tu­tion­nelle, lorsque la séna­trice Kamala Har­ris, alors can­di­date à l’investiture démoc­rate, soule­vait la ques­tion lors du débat démoc­rate du 15 octo­bre, accu­sant Trump d’intimider ses adver­saires et les « témoins » de la procé­dure lancée sur l’Ukrainegate, en avant-pre­mière de celle de l’impeachment qui com­mença « juridique­ment » le 18 décem­bre. Plus récem­ment, Twit­ter sem­ble avoir pris pour habi­tude d’épingler Trump.

4. Dis­lo­quer le début d’adhésion afro-améri­caine que Trump com­mençait à coag­uler; la com­mu­nauté noire est sujette à un réflexe ancien. Elle sem­ble décrocher.

5. Lâch­er les boule­dogues néo­con­ser­va­teurs pour faire fuir la part de la droite « mod­érée » qui votait pour Trump (en par­ti­c­uli­er les femmes blanch­es des ban­lieues rési­den­tielles); plusieurs généraux se sont ain­si dis­tin­gués, ain­si que John Bolton qui passe sur toutes le chaînes pour dire tout le mal qu’il pense de Don­ald Trump.

5) Les règles du jeu ont changé. Trump l’a-t-il compris ?

Il y a donc plusieurs Rubi­con qui ont été fran­chis en même temps. Trump se retrou­ve donc dans la sit­u­a­tion inverse de 2016. Il avait alors gag­né la prési­den­tielle par défaut, parce qu’il s’agissait en fait d’un référen­dum sur Hillary Clin­ton, harcelée et arro­gante, qui n’avait pas pu rassem­bler la total­ité de ses forces. En 2020, ce sera à Biden de gag­n­er par défaut, le référen­dum se faisant sur « Trump-le-diviseur-qui-a-échoué », inca­pable reformer sa coali­tion. Le dernier sondage de Fox News est acca­blant. Trump sem­ble se sat­is­faire du désor­dre actuel, s’imaginant incar­n­er la loi et l’ordre, présen­tant Biden comme le pan­tin de l’ultragauche.

Et si Oba­ma, à pro­fondeur périscopique, con­sti­tu­ait dis­crète­ment un cab­i­net d’union nationale pour son prête-nom Biden, inclu­ant des « con­ser­va­teurs » répub­li­cains, des tech­nocrates, ce qu’il faut d’intersectionnel, des généraux, des flics, des religieux pour sig­naler un nou­veau cycle de « Hope and Change », d’harmonie nationale et inter­na­tionale ? Tout sem­ble aujourd’hui aller dans ce sens, face à un Trump qui peine à se renou­vel­er. Il est tombé dans le piège de la dénon­ci­a­tion de l’extrême gauche. Son enne­mi est pour­tant bien vis­i­ble : la super­classe mondiale.