Crédit: Martin Laprise

Le GGFI est une référence clé guidant les investissements et le développement de politiques en finance durable. « Le GGFI nous aide à avoir une meilleure idée de la qualité et de la profondeur des centres financiers à travers le monde. Cela nous permet également de mieux comprendre toute une série de facteurs, qu’ils soient politiques ou liés au marché, qui sont essentiels à la croissance et à l’enrichissement des pratiques financières durables », précise Louis Lévesque, Directeur général de Finance Montréal, dans la préface du rapport.

Ce classement biannuel évalue la profondeur et la qualité de l’offre en finance durable de 64 grandes places financières mondiales. Pour établir la place de chaque ville, plus de 130 facteurs qui apportent un ensemble de mesure de compétitivité incluant des mesures de durabilité sont examinés. Louis Lévesque est donc particulièrement fier de la place occupée par Montréal. « Pour nous, c’est un message très positif, confie-t-il en entrevue. Montréal, qui n’est pas une ville de la taille de Londres ou Paris, a réussi à réaliser une très belle performance. »

Derrière les villes européennes

Si Montréal occupe bel et bien la première place en termes de profondeur en Amérique du Nord, dans le classement global, elle est neuvième derrière une ribambelle de villes européennes telles qu’Amsterdam, Stockholm, Zurich, Londres, Paris et Hambourg.

Pour Louis Lévesque, il est normal que le Canada soit derrière les villes européennes. « Les institutions en Europe sont plus avancées, plus imprégnées ou plus saisies au niveau des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) que les institutions en Amérique du Nord », déclare-t-il.

Selon lui, cela est dû au fait de l’alignement important entre les actions du pouvoir public et celles du secteur financier. « En Europe, les pouvoirs publics, que ce soit la communauté européenne ou au niveau des gouvernements nationaux, il y a eu plein d’initiatives qui alignent et mettent de la pression sur les institutions financières pour qu’elles agissent rapidement », explique-t-il. En Amérique du Nord, les acteurs du secteur privé prennent les initiatives de leur propre chef.

Toutefois, Montréal peut se comparer à ces villes et ne s’en tire pas mal du tout, remarque le Directeur général de Finance Montréal. Au niveau de la qualité, la ville canadienne s’est également fait une bonne place. Elle occupe ainsi la 13e place du classement derrière la ville de San Francisco.

Une véritable prise de conscience

Puisque les acteurs privés ne sont pas poussés par le gouvernement, on peut effectivement se demander ce qui les motive à s’intéresser à la finance durable. Louis Lévesque estime que c’est une question de risques, d’environnement et d’où s’en va la réglementation.

« Le changement climatique est l’un des problèmes les plus critiques auxquels l’humanité est confrontée aujourd’hui », débute Louis Lévesque dans la préface du rapport du GGFI, il est donc normal que les acteurs privés se sentent concernés. Les répercussions du réchauffement touchent déjà de nombreuses industries, comme celle de l’assurance qui fait face à une hausse des catastrophes naturelles, et les répercussions vont aller en augmentant avec les années.

« Les coûts globaux croissants du climat pourraient entraîner une perte d’au moins 5 % du PIB mondial chaque année », continue Louis Lévesque dans sa préface. De plus, « la transition vers une économie à faible intensité de carbone présente également des opportunités. »

Un écosystème actif

À Montréal, les acteurs qui se sentent concernés sont nombreux ce qui a donné lieu à deux initiatives majeures. Ainsi, en 2015, plusieurs investisseurs montréalais ont signé le Montreal Carbon Pledge, un engagement des investisseurs institutionnels à mesurer annuellement et publier l’empreinte carbone de leur portefeuille.

Puis, en 2017, Finance Montréal a réuni 30 institutions financières pour signer la Déclaration des investisseurs institutionnels sur les risques financiers liés au climat. Cette déclaration est un appel de l’industrie à une plus grande divulgation pour mieux gérer l’impact du changement climatique.

Finance Montréal ne compte cependant pas se reposer sur ses lauriers, il est maintenant temps d’aller plus loin. « On veut élargir notre champ d’activité à la finance durable et pas seulement couvrir l’investissement responsable, confie Louis Lévesque. Dans le fonds ce que le classement montre c’est que les gens qui travaillent dans l’écosystème ont pris des initiatives et sont très actifs. Nous notre objectif, ce n’est pas de dédoubler les activités de nos membres, mais de trouver une façon de les faire travailler en collaboration, sur une base non compétitive et d’identifier les enjeux qui sont porteurs et qui permettent de différencier Montréal et le Québec comme place financière. »