À qui appartiennent les données clients?

11 octobre 2019 | Dernière mise à jour le 11 octobre 2019
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« L’open banking existe déjà au Canada, mais il va s’accélérer », affirme Lionel Pimpin, premier vice-président, Canaux numériques, à la Banque Nationale.

Alors que le système bancaire ouvert est encore regardé d’un œil circonspect par plusieurs acteurs de l’industrie financière, son intégration augmente rapidement, a-t-il expliqué lors du Sommet Fintech 2019 de l’Association canadienne du commerce des valeurs mobilières (ACCVM), qui s’est tenu à Montréal le 9 octobre.

LES CLIENTS D’ABORD

Rappelons que cette technologie part de l’idée que les données n’appartiennent pas aux institutions financières ou aux entités commerciales, mais bien au client. Celui-ci a donc la liberté de choisir avec qui il veut échanger ses informations. Dans un système bancaire ouvert, une institution financière n’est plus la seule à être responsable des données du client, elle doit les partager avec d’autres acteurs, désignés par le client, de façon sécuritaire.

Le Canada n’est pas le premier pays à s’intéresser à cela. Certains sont même bien plus en avance, comme l’Angleterre. Le gouvernement en a même forcé l’adoption pour deux raisons principales :

  • Défaire les monopoles dans les industries pour faciliter, entre autres, la fluidité des clients entre différentes institutions financières.
  • Faciliter l’innovation. Si les fintechs et autres ont accès à davantage de données, elles pourront se développer plus rapidement.

EN PLEINE ÉVOLUTION

Selon Lionel Pimpin, le gouvernement canadien s’est rendu compte des avantages que présentait ce système. Il y a dix mois, il aurait demandé aux institutions financières de mettre en place les procédures requises à son adoption, à savoir de bons outils d’accréditation pour filtrer les gens qui vont pouvoir profiter de ce système et utiliser ces données, ainsi que déterminer qui sera responsable en cas de brèche de données.

Selon l’expert, le système bancaire ouvert serait déjà présent dans certaines institutions, comme à la Banque Nationale. « Il y a une fonctionnalité qui permet d’agréger les comptes, explique-t-il. Aujourd’hui, on peut récupérer dans une même expérience l’ensemble des données sur les investissements qu’un client a chez Desjardins, RBC ou BMO. Ainsi, le conseiller a une vue exhaustive sur l’ensemble des actifs et placements de son client. »

Pour le moment, les utilisations de ce système sont éparses. Lionel Pimpin est cependant convaincu que cela va s’accélérer grandement dans les années à venir.

DES INQUIÉTUDES

Posséder les données des clients offre indéniablement un avantage concurrentiel. Celui-ci n’existera plus dans un système bancaire ouvert, ce qui génère de l’inquiétude dans l’industrie. Lionel Pimpin affirme que cela ne serait pas un problème, au contraire. Selon lui, la concurrence se jouera dorénavant sur la profondeur de la relation client que permettra notamment l’analyse des données, et non plus sur les données elles-mêmes, ce qui serait plus sain pour les consommateurs.

L’expert estime que les Canadiens qui refusent de partager leurs informations changeront d’avis avec le temps. « Il y a 25 ans, personne n’était intéressé par Internet et regardez aujourd’hui », compare-t-il.

Selon lui, cette transparence va également permettre d’accélérer le développement de l’intelligence artificielle. « Plus on a de données disponibles, plus on a des modèles qui peuvent améliorer des choses », explique-t-il.