Un gouvernement sans le PS au fédéral ? Le scénario circule
- Publié le 15-01-2020 à 18h08
- Mis à jour le 22-01-2020 à 14h08
En s’ouvrant à la N-VA, les socialistes flamands ont rebattu les cartes au fédéral. Les informateurs Georges-Louis Bouchez (MR) et Joachim Coens (CD&V), qui pensaient tenir une majorité Vivaldi, doivent désormais vérifier qu’une entente entre le SP.A et les nationalistes est envisageable. Depuis le “virage social” de la N-VA, annoncé par Bart De Wever samedi, les socialistes flamands multiplient les “sorties” médiatiques appelant à reprendre les discussions avec le plus grand parti flamand.
Après les appels répétés de Johan Vande Lanotte, une nouvelle voix SP.A s’est exprimée en ce sens : celle de la députée flamande et ancienne ministre fédérale du Budget, Freya Van den Bossche. Elle y a appelé les socialistes francophones à ne pas dire “non” a priori au plus grand parti du pays. “On ne sait pas jusqu’où la N-VA est prête à aller. Je trouve que ça vaut la peine d’écouter et de parler”, a-t-elle indiqué, mercredi matin, sur les ondes de la VRT.
Dans cette interview, Freya Van den Bossche a également insisté sur un élément qui pourrait avoir son importance dans les prochaines semaines. Pour l’ancienne ministre, le SP.A n’est pas “scotché” à son parti frère du côté francophone : “Nous ne sommes pas mariés au PS. Nous ne constituons pas un parti unique. Il y a des points d’accord mais aussi des différences. Nous nous comprenons mais nous n’avons pas toujours le même point de vue.”
Traduction : un gouvernement associant le SP.A et la N-VA, mais dont le PS serait exclu, est envisageable. Pour rappel, Paul Magnette, le président des socialistes francophones, a affirmé à de nombreuses reprises qu’une majorité constituée autour de son parti et de la N-VA est impossible. Mais puisque le CD&V veut absolument embarquer les nationalistes flamands dans le prochain gouvernement fédéral, former une nouvelle coalition est actuellement impossible.
Une alliance inédite
Sauf si, justement, le PS restait dans l’opposition… Les socialistes francophones sont considérés depuis les élections comme incontournables. Mais voilà un nouveau scénario qui circule : associer la N-VA, le SP.A, le CD&V, le CDH, le MR et l’Open VLD au pouvoir. Arithmétiquement, c’est possible : cette alliance inédite pèserait 77 députés sur 150 à la Chambre (en tenant compte de la voix de Jean-Marie Dedecker, élu sur une liste N-VA mais qui siège comme indépendant).
“Ne pas exclure de scénarios”
Bien sûr, cette coalition serait fragile car elle reposerait sur une majorité très courte. Il n’empêche que la possibilité d’un tel attelage a effleuré quelques esprits haut placés. “Je commence à y croire mais il faut voir si le jeune Conner Rousseau (président du SP.A) voudra engager sa formation dans une majorité aux côtés de la droite flamande”, commente une source bien informée. Le jeune président a d’ailleurs rappelé mercredi que sa préférence allait à une alliance de centre-gauche. Toutefois, un négociateur fédéral concerné par la formule de gouvernement “sans le PS” estime qu’il ne faut pas écarter la solution : “77 députés, c’est juste mais la situation tellement bloquée qu’il faut arrêter d’exclure des scénarios.”
À ce stade, toutefois, on n’en est pas là. Si le nouvel axe SP.A/N-VA/CD&V se confirmait, il faudra examiner la réaction du PS. Paul Magnette, voyant ses amis socialistes flamands se lancer dans un gouvernement qui relèverait le niveau des pensions, comme le propose désormais la N-VA, pourrait être tenté de revenir sur son exclusive à l’égard des nationalistes.