Deux personnages habillés d'une cravate. L'un donne un sac d'argent à l'autre
texelart / 123rf

Nous prévoyons toutefois qu’ils refléteront l’incroyable choc encaissé par l’économie en raison de la pandémie de la COVID-19. Pourtant, à plus long terme, nous pensons que cette catégorie d’actifs s’en sortira mieux que prévu.

Le crédit privé est encore peu compris, même dans les sphères les plus qualifiées du secteur de la gestion d’actifs. Beaucoup considèrent que la dette privée négociée bilatéralement est plus risquée que le marché à haut rendement ou que le marché des prêts largement syndiqués. Cependant, une analyse sommaire des données pertinentes suffit à démontrer que le crédit privé, principalement caractérisé par des prêts aux moyennes entreprises, est en règle générale tout aussi performant que le marché des obligations à haut rendement et que celui du marché des prêts largement syndiqués, voire plus.

De nombreux observateurs du marché utilisent les performances de l’indice S&P des entreprises de développement commercial (BDC) qui suit les performances des fonds propres des BDC – sociétés qui investissent dans des prêts aux petites et moyennes entreprises – pour prévoir le rendement du crédit privé. Cependant, les BDC ne sont pas sans rappeler les banques et leurs fonds propres ne sont pas sans rappeler les fonds propres bancaires. Pourriez-vous comparer les performances des obligations à haut rendement aux fonds propres bancaires? Probablement pas, mais beaucoup le font en s’appuyant sur l’indice BDC pour estimer le crédit privé. C’est d’autant plus vrai aujourd’hui au vu de l’extrême volatilité du marché provoquée par la pandémie de la COVID-19.

L’utilisation des cours du marché boursier des entreprises détenant les prêts n’est pas représentative des performances sous-jacentes des prêts historiquement parlant, ce qui devrait se confirmer, une fois de plus, lorsque les tensions actuelles du marché se seront apaisées. En réalité, ces variations de prix auront beaucoup moins d’impact sur les investisseurs finaux qui détiennent les prêts à échéance ou par le biais d’une restructuration. En effet, les recherches de l’Alternative Credit Council montrent que les vecteurs à terme fixe, qui ne permettent pas aux investisseurs de racheter leurs actions tant que tous les prêts ne sont pas arrivés à échéance, sont le modèle de prêt le plus répandu chez les moyennes entreprises.

Les données du Cliffwater Direct Lending Index sur les rendements des prêts aux moyennes entreprises sans facteur d’endettement apportent un bien meilleur éclairage sur les performances des prêts aux moyennes entreprises, notamment durant la crise financière. Au lieu du déclin maximal du cours des actions des BDC d’environ 70 % en 2008, les pertes réelles des portefeuilles de prêts détenus par ces mêmes BDC étaient inférieures à 8 %.

L’intégration de ces données dans l’analyse montre que les taux de recouvrement obtenus par les gestionnaires de crédit privé sont beaucoup plus élevés que d’ordinaire sur le marché des prêts largement syndiqués ou des obligations à haut rendement. Cela suggère que le profil de risque et de rendement du crédit privé, tout du moins historiquement, est attractif et qu’il peut jouer un rôle important en aidant les investisseurs à obtenir les rendements dont ils ont besoin tout en diversifiant leur portefeuille.

La relation bilatérale entre la plupart des gestionnaires de crédit privé et leurs emprunteurs est un élément différenciant crucial qui permet de résoudre efficacement des problèmes si l’emprunteur est confronté à des circonstances plus difficiles comme cela pourrait être le cas aujourd’hui. En effet, nous avons toujours plus d’exemples de prêteurs qui soutiennent les emprunteurs en ces temps difficiles et protègent la valeur de leurs investisseurs, au lieu de les laisser tomber ou de ne rien faire lorsque les choses se compliquent.

Il ne fait aucun doute qu’il y aura des défis. Sur le plan opérationnel, l’évaluation sera un secteur d’intervention privilégié pour les commandités, les commanditaires et les régulateurs. De plus, pour traiter avec un emprunteur en défaut de paiement, il est nécessaire d’engager plus de ressources internes que pour le suivi d’un prêt performant. Et certains secteurs tels que l’énergie et l’hôtellerie seront plus sous tension que d’autres.

Le recours au crédit privé a triplé au cours des dix dernières années et constitue désormais le premier choix de financement pour les PME et les moyennes entreprises dans tous les secteurs de l’économie. Lorsque la tempête actuelle sera passée, les gestionnaires de crédit privé seront là pour fournir aux entreprises les capitaux dont elles ont besoin et encourager la reprise.

Jiří Król

Responsable mondial

Alternative Credit Council