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Coût de la construction : 3.000 logements passés au crible en Ile-de-France

EXCLU. L'aménageur public EpaMarne-EpaFrance a lancé ce printemps une vaste étude économique et technique sur les différents coûts de construction dans les programmes de logements dans le Val-de-Marne et en Seine-et-Marne. Cette analyse, dévoilée par les «Echos», en conclut qu'il est possible d'allier l'innovation et promotion de hauts standards environnementaux sans déséquilibrer économiquement les opérations.

Selon l'étude, le coût de construction médian avoisine 1.740 euros HT/le mètre carré.
Selon l'étude, le coût de construction médian avoisine 1.740 euros HT/le mètre carré. (woodeum)

Par Laurence Albert

Publié le 1 juil. 2020 à 10:55

Chantiers olympiques, Grand Paris Express, plan de bataille en faveur du logement… On construit en Ile-de-France, et cette frénésie bâtisseuse qui sollicite les entreprises du BTP et les matériaux a des répercussions sur les coûts de construction (hausse cumulée de 7 % en cinq ans).

Pour aider à les contenir en assurant la promotion de constructions innovantes à haut standard environnementaux, l'aménageur public EpaMarne-EpaFrance a lancé une étude économique et technique sur les coûts de construction des programmes. Confiée au groupement Adequation/Overdrive/A003 Architectes, cette enquête dont «Les Echos» ont eu l'exclusivité, porte sur 3.000 logements bâtis depuis trois ans dans le cadre d'une vingtaine d'opérations (Val-de-Marne, Seine-et-Marne), dans des villes telles que Bry-sur-Marne , Torcy, Bussy-Saint-Georges ou Coupvray.

« La conclusion, rassurante, de cette étude menée sur les différents postes de coûts est qu'il est possible d'être exigeant sur l'écoconstruction et l'innovation, sans que cela ne se traduise forcément par une équation économique impossible pour les particuliers, les promoteurs et les aménageurs », assure Laurent Girometti, le directeur général de l'EpaMarne-EpaFrance.

Si les constructions à hauts standards environnementaux ont le vent en poupe, il arrive en effet fréquemment qu'elles fassent grimper les coûts affichés par les promoteurs et les constructeurs. « Les promoteurs remontent fréquemment des écarts entre les coûts de construction annoncés lors de leurs réponses aux consultations et ceux affichés lors de la livraison. On a pu constater des écarts de 5 à 20 %, notamment pour des programmes multipliant les contraintes techniques et programmatiques » remarque l'EpaMarne.

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Ne pas faire l'impasse sur les ambitions environnementales

Pour l'aménageur, ce surcoût n'est pas une fatalité. Pour équilibrer une opération, d'autres solutions existent que de faire l'impasse sur les ambitions environnementales. L'exégèse des postes de dépenses montre que sur un coût de construction médian avoisinant les 1.740 euros HT/le mètre carré, 23 % des dépenses proviennent des infrastructures (fondations, aménagement, dépollution), 18 % des coûts liés aux fluides et 59 % des superstructures (construction, élévation, aménagement).

La programmation pèse donc lourd dans la balance. Mal anticipés, modifiés en cours de route, les programmes se renchérissent, alors que « les opérations les plus complexes ou les plus innovantes ne sont pas toujours les plus coûteuses », assure Laurent Girometti. Un parking enterré sur deux niveaux coûtera d'autant plus cher que l'étude préalable des sols aura été bouclée à la va-vite. Le montage de l'opération peut rehausser les coûts de 10 %, selon les modalités de consultation, de passation des marchés. Recourir à des entreprises générales est moins avantageux qu'à de grands promoteurs pratiquant la négociation, ou de petits opérateurs recourant à leur réseau.

Sans surprise, l'étude souligne que la construction bois et le recours aux matériaux biosourcés sont plus chers, : +100 euros le mètre carré HT pour une structure 100 % bois, + 160 euros pour des matériaux biosourcés. Toutefois, des stratégies d'achat, l'association avec un fournisseur et une construction spécialisée font baisser l'addition. La consolidation d'une véritable filière bois devient indispensable en Ile-de-France, où ce matériau est plébiscité.

L'aménageur, qui déjà présenté son étude aux promoteurs, dit avoir eu des retours constructifs. Se traduiront-ils en actes ? « Avec la crise sans précédent que traverse l'économie du BTP, de nombreuses voix appellent à une reprise urgente et forte de l'activité. Cette reprise ne peut se faire au détriment de la qualité des opérations, ni pour les usagers, ni pour la planète », martèle-t-il.

Laurence Albert

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