Un homme en costume avec une loupe posé contre l'oeil gauche.
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Dans sa lettre Performance et perspectives des FNB à revenu fixe, les ACCVM examinent le degré d’exposition des fonds négociés en Bourse (FNB) à revenu fixe aux risques de taux d’intérêt et de crédit, ainsi que l’impact durant la crise liée à la pandémie de ces risques sur le marché des FNB à revenu fixe.

Évidemment, les FNB n’ont pas échappé à la crise. L’environnement opérationnel des FNB à revenu fixe a été difficile entre mars et mai 2020. Sur le marché obligataire sous-jacent, alors que les rendements des obligations du gouvernement du Canada ont baissé, les obligations d’entreprises, y compris les obligations de qualité « investissement » et les obligations à haut rendement, ont vu leurs prix chuter au plus fort de la crise en mars. En conséquence, la liquidité de certains secteurs du marché obligataire canadien à revenu fixe s’est largement asséchée et le coût des transactions sur certains segments de marché a fortement augmenté.

En mars, certains FNB à revenu fixe se sont négociés sur le marché secondaire avec ce qui semblait être des décotes substantielles par rapport à la valeur nette des actifs (NAV), notent les ACCVM. Cela est particulièrement vrai pour les FNB d’obligations de sociétés.

Dès le 23 mars, la Réserve fédérale américaine (Fed) a lancé un mécanisme de crédit aux entreprises sur le marché secondaire qui a permis de ramener la décote de ces FNB à sa valeur liquidative.

En raison de ces décotes par rapport à la valeur nette des actifs, l’ACCVM s’est demandé s’il y avait eu une rupture du système d’arbitrage naturel à travers lequel les décotes de la valeur nette des actifs par rapport au prix de ces FNB, normalement, s’autorégule.

Elle en a conclu que ce mécanisme d’autocorrection était inefficace dans les courtes périodes de forte volatilité, car les prix des FNB sont basés sur des poches de liquidité et sur les prix réels négociables des composants sous-jacents, alors que les valeurs nettes des actifs représentent des valeurs périmées ou hypothétiques.

Ce décalage ne se limite pas aux FNB, mais à la manière dont le mécanisme de fixation des prix du marché obligataire de gré à gré fonctionne en général. De nombreux investisseurs se sont appuyés sur les FNB de titres à revenu fixe, car ils sont devenus les meilleurs indicateurs des prix des obligations en temps réel sur des marchés en pleine effervescence.

Les FNB, pas forcément plus risqués

Il existe effectivement un certain nombre de risques qui pourraient affecter la performance des FNB et de ses composantes sous-jacentes lors de périodes de volatilité des marchés. Dans le cas d’une combinaison d’obligations d’État et d’entreprises sous-jacentes à certains FNB par exemple, l’investisseur doit tenir compte du secteur de marché de ces FNB, de la taille de l’émission sous-jacente de ces FNB, de la taille de l’émission des composants de ces FNB, de la durée et de la convexité.

Comme expliqué auparavant, les FNB moins liquides ont été négociés avec une décote plus importante pendant une brève période. Mais grâce aux interventions de la banque centrale et de la Fed, les émissions ont retrouvé leur niveau d’avant crise.

Certains s’inquiétaient de possibles ruptures d’accords avec les participants autorisés, mais même au moment le plus fort de la crise, le système a fonctionné efficacement.

Finalement, après la divergence temporaire des prix des FNB par rapport à la valeur liquidative, ces produits se sont plutôt bien comportés, résume l’ACCVM.

Les meilleures pratiques de négociations

Dans sa lettre, l’ACCVM rappelle les meilleures pratiques en matière de négociation des FNB, car selon elle, celles-ci sont particulièrement importantes à suivre en période de crise. À travers les fortes volatilités récentes, on a pu observer un élargissement des écarts dans la valeur des FNB. Pour éviter les mauvaises surprises, mieux vaut se conformer aux meilleures pratiques :

  • Éviter de négocier à l’ouverture du marché : pour avoir une tarification optimale
  • Effectuer une transaction lorsque le marché des titres sous-jacents est ouvert : sinon cela pourrait engendrer des écarts plus importants
  • Utiliser des ordres à cours limité : cela permet de valider un prix fixe sur la transaction.
  • Être conscient de la volatilité générale du marché : si un FNB à revenu fixe est, au minimum, aussi liquide que ses obligations sous-jacentes, il est important que ce FNB soit construit avec un portefeuille qui a des exigences en matière de volume de transactions, conseille l’ACCVM.

L’ACCVM conclut que la pandémie a testé avec succès la structure actuelle des FNB à revenu fixe au Canada et estime que dans le futur, les FNB devraient continuer d’attirer d’autres actifs et grandir.