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Ma ville demain. Vive la densité urbaine !

À quoi va ressembler ma ville demain ? On en parle tous les week-ends cet été sur franceinfo. Des villes souvent dénoncées pour leur densité, depuis le début la crise du coronavirus. Décryptage avec Cécile Maisonneuve.

Article rédigé par franceinfo - Cécile Maisonneuve
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Vue de Paris depuis le sommet de la tour Montparnasse, le 30 juillet 2019. (LAURE BOYER / HANS LUCAS / AFP)

Cécile Maisonneuve, présidente de la Fabrique de la Cité depuis 2015, un think tank sur les innovations urbaines, répond cet été à nos questions sur le devenir de nos cités après la crise sanitaire du coronavirus et le confinement.

franceinfo : Un million de Franciliens ont quitté leur région le 16 mars pour se confiner ailleurs. En cause : la densité. Trop de gens, pas assez de place en région parisienne. Ma ville demain sera-t-elle plus rassurante, c’est-à-dire plus verte et moins peuplée ?

Cécile Maisonneuve : Vous avez prononcé le mot qui fâche et qui fait peur : "densité" ! Et pourtant, la densité, c’est le passé et aussi l’avenir de nos villes. Pourquoi croyez-vous qu’en France comme dans le monde entier, toujours plus de personnes décident d’habiter en ville ? Précisément parce qu’elles sont denses. Une ville dense est une ville vivante, où se concentrent les emplois, les opportunités, les rencontres, les innovations. Et puis, difficile de financer des transports en commun, des infrastructures de santé, des écoles sans une densité de population minimale !

Mais justement, concentrer autant de gens et de fonctions, n’est-ce pas créer les nouvelles conditions d’une pandémie ?

La vraie coupable d’une pandémie, c’est plutôt l’intensité des contacts sociaux. Et celle-ci peut se produire n’importe où ! D’où l’apparition de clusters à Mulhouse (5000 hab./km2) ou dans des villages italiens, pourtant peu denses. Et si la Seine-Saint-Denis a payé un lourd tribut à la pandémie, ce n’est pas à cause de sa densité trois fois moindre que Paris intra-muros, mais à cause de la suroccupation de l’habitat et du mal-logement.

Mais alors, pourquoi la densité est-elle si mal aimée ?

Parce qu’elle est une grande incomprise ! Nos perceptions nous trompent : un quartier de grands ensembles est beaucoup moins dense qu’un quartier de maisons de ville. En fait, la densité ne dit pas grand-chose d’une ville : Créteil, Grenoble et le centre de Londres sont pratiquement aussi denses !

Et puis, quelle serait l’alternative à la densité ? On a essayé, ça s’appelle la périurbanisation, l’étalement urbain, et la dépendance à la voiture qui va avec. Pas très écologique, on est d’accord ? La ville dense au contraire, est plus économe en espace, et donc une alliée dans le combat pour la protection de la biodiversité. En plus, la densité agréable, on a su la faire : ça s’appelle le Paris du baron Haussmann, 20 000 habitants au km2. Pourquoi ne saurait-on pas la refaire en version XXIè siècle ?

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