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Pas à pas, la Lituanie renoue avec son héritage juif

Vilnius organise des manifestations pour sensibiliser la population à la culture juive et à l’une des pages les plus sombres de l’histoire du pays longtemps occultée, l’extermination des Litvaks, les juifs de Lituanie, par les nazis et leurs collaborateurs.

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Publié le 01 juillet 2020 à 08h37, modifié le 01 juillet 2020 à 13h09

Temps de Lecture 4 min.

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En ces temps de mémoire troublée, où, un peu partout, des statues et des monuments se retrouvent, sinon le nez à terre, du moins au cœur de vives polémiques, la Lituanie ne fait pas exception. Des « héros » du passé deviennent des personnages encombrants. Ainsi, la plaque mémorielle de Jonas Noreika, dressée à Vilnius, la capitale lituanienne, a-t-elle été posée, détruite, puis reposée. Haut fonctionnaire de l’administration, résistant à l’occupation soviétique exécuté en 1947, il fut aussi un collaborateur zélé des nazis, signant l’ordre d’établir des ghettos juifs dans le comté de Siauliai – ce qui ne l’empêchera pas d’être lui-même détenu dans un camp de concentration entre 1943 et 1945.

Pas à pas, ce petit Etat balte d’à peine 2,8 millions d’habitants, membre de l’Union européenne depuis 2004, tente de se réconcilier avec son histoire cauchemardesque du XXe siècle. Occupée par les Soviétiques en 1940, puis par les nazis l’année suivante, puis intégrée à l’URSS jusqu’en 1990, la Lituanie a longtemps occulté l’une de ses pages les plus sombres lorsque, accueillant les fantassins d’Hitler comme des libérateurs, une partie de la population participa à l’extermination des Litvaks, les juifs de Lituanie.

« Shoah par balles »

Plus de 200 000 d’entre eux périrent dans des camps de concentration ou furent victimes de la « Shoah par balles », ces fusillades de masse commises dans plusieurs pays de l’Est par les unités allemandes et leurs collaborateurs. A la sortie de la guerre, selon les historiens, 95 % de la communauté juive lituanienne avait disparu.

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Adoptée par la Seimas, le Parlement de Lituanie, la commémoration prévue cette année du 300e anniversaire de la naissance du Gaon (« génie ») de Vilna – de son vrai nom Elijah ben Solomon Zalman, il contribua au XVIIIe siècle à la formation du judaïsme litvakien et à la renommée de Vilnius, aussi appelée la « Jérusalem du Nord » – participe à ces tentatives de renouer avec l’héritage de la culture juive du pays. Quoique handicapées par la pandémie de Covid, plusieurs manifestations sont prévues, y compris à l’étranger afin de sensibiliser les descendants litvaks exilés dans le monde entier.

Lors d’un concert organisé à Londres fin mai, le ministre lituanien de la culture, Mindaugas Kvietkauskas, avait eu des mots justes pour évoquer la reconnaissance d’un « Holocauste à grande échelle dans le pays » et du « rôle des collaborateurs lituaniens » freinée par « la persistance de stéréotypes » et « les changements lents dans les mentalités ». Auteur lui-même d’une traduction du journal intime d’un adolescent de 14 ans, Yitzhak Rudashevsky, interné dans le ghetto de Vilnius, il avait surtout mis l’accent sur la « répression systématique de la mémoire collective antérieure » à l’époque soviétique.

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