Retraite : au Sénat, la droite propose de repousser l’âge de départ à 63 ans

    L’amendement adopté par la droite majoritaire au Sénat propose des remèdes chocs en cas d’échec des concertations. Même s’il n’a aucune chance de survivre à la navette parlementaire, la gauche est vent debout sur le timing, en pleine crise économique.

     ILLUSTRATION. L’amendement a été adopté par 200 voix contre 118.
    ILLUSTRATION. L’amendement a été adopté par 200 voix contre 118. AFP

      Allonger l'âge de départ à la retraite, c'est un sujet que la droite remet régulièrement sur le tapis, mais en cette période de crise sanitaire, la gauche s'indigne d'un amendement voté par le Sénat. Samedi, la majorité de droite a en effet ressorti le sujet, à l'occasion de l 'examen du projet de budget de la Sécu, en proposant notamment de travailler plus longtemps.

      L'amendement du rapporteur LR pour la branche vieillesse, René-Paul Savary, qui de l'aveu même de son auteur n'a aucune chance de survivre à la navette parlementaire, se décline en plusieurs séquences, avec l'objectif « d'atteindre l'équilibre financier de l'ensemble des régimes de retraite de base en 2030 ».

      200 voix pour, 118 contre

      Il propose dans un premier temps de réactiver la conférence de financement sur l'équilibre et le financement des retraites, suspendue au printemps dernier, comme la réforme lancée par le gouvernement. En cas d'échec de la conférence à faire des propositions, René-Paul Savary développe ses propres remèdes, qui conduiraient à travailler plus longtemps.

      Il s'agirait à la fois de repousser progressivement l'âge légal de départ à la retraite jusqu'à 63 ans en 2025. Mais aussi d'accélérer l'allongement de la durée de cotisations pour atteindre 43 annuités dès la génération 1965.

      L'amendement a été soutenu par les groupes LR et Union centriste (200 voix pour). Les groupes de gauche et les sénateurs LREM ont voté contre (118 voix).

      « Même le gouvernement a compris la nécessité de rassembler le pays plutôt que de le cliver »

      La ministre Brigitte Bourguignon a jugé l'initiative de la commission des Affaires sociales « prématurée », compte tenu de « l'absence de visibilité sur les conséquences de la crise sanitaire sur le système de retraites ».

      Elle a aussi souligné, par rapport à la demande de réactivation de la conférence de financement, que « le gouvernement est en permanence en lien avec les partenaires sociaux de notre pays ».

      A gauche, Bernard Jomier (PS) s'est dit « stupéfait du tempo politique » de l'amendement, en pleine crise économique et sociale due à l'épidémie de Covid-19. « Quel à-propos politique ! », a-t-il ironisé. « Même le gouvernement a compris la nécessité de rassembler le pays plutôt que de le cliver ».

      Castaner : « Les sénateurs LR ne changeront jamais »

      « C'est choquant de profiter d'un amendement pour faire revenir par la fenêtre la réforme des retraites […] particulièrement impopulaire », a jugé Laurence Cohen (CRCE à majorité communiste).

      Ce dimanche, l'ancien ministre de l'Intérieur, aujourd'hui patron des députés LREM a également réagi pour dénoncer la droite. « Les sénateurs LR de Bruno Retailleau ne changeront jamais!, estime-t-il sur Twitter Sur le fond et sur la méthode les députés du groupe LREM s'y opposeront ».

      « Plus on prend des mesures tardivement, plus lourde sera la note », a riposté René-Paul Savary, tandis que Philippe Mouiller (LR) estimait que « même en situation difficile, il faut avoir un discours courageux vis-à-vis des Français ».

      « Est-ce parce que nous sommes en période de Covid que nous ne pouvons plus aborder quelconque sujet ? Qu'il faut que nous appliquions la politique de l'autruche ? », a interrogé le centriste Olivier Henno.

      Le Sénat a achevé samedi soir l'examen en première lecture du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Il votera mardi sur l'ensemble du texte.