Le futur des FNB

Par L’Institut canadien des Dérivés (ICD) | 9 novembre 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
5 minutes de lecture
Adchariya Chanpipat / 123RF

Depuis quelques années, l’industrie des fonds négociés en Bourse (FNB) connaît une croissance fulgurante. En effet, cet accroissement est observable tant au niveau des actifs sous gestion que du nombre de firmes offrant des FNB.

Cette tendance s’est manifestée d’abord par l’augmentation de la quantité offerte de FNB à gestion passive qui, de par leur nature permet une réduction maximale des frais de gestion entraînant par le fait même une compétition importante pour les fonds communs de placements ne bénéficiant pas du même niveau d’efficience opérationnelle.

Ce faisant, il est possible, aujourd’hui, de retrouver des FNB avec des frais de gestions presque nuls. Afin d’en apprendre davantage sur cette nouvelle tendance ainsi que sur les enjeux liés aux FNB, il nous a été possible de nous entretenir avec Érika Toth, Directrice, Ventes aux institutions et conseillers Est-canadien, chez BMO Gestion mondiale d’actifs.

Lors de cette rencontre, nous avons d’abord commencer par lui demander si les FNB avec des frais de gestion extrêment faibles ne pouvaient pas représenter une mencae pour les investisseurs, principalement au niveau de la qualité du produit offert.

Selon Érika Toth, il ne s’agirait pas d’une menace. Bien au contraire, elle croit qu’il s’agit d’un avantage important pour les investisseurs, car les FNB à gestion passive permettent d’accroître le rendement de façon non négligeable via une diminution des frais.  De plus, elle mentionne que ces firmes de gestion offrant des FNB avec des frais très faibles sont en mesure de le faire en raison d’un volume d’actifs sous gestion très important.

De plus, lorsqu’on observe l’industrie des FNB, il est possible d’en distinguer deux types; soit les FNB à gestion active ainsi que ceux à gestion passive. Devant la popularité grandissante des FNB, se pourrait-il que les FNB à gestion active remplacent les fonds communs de placement classiques ?

Toujours selon Érika Toth, celle-ci ne croit pas que les FNB à gestion active seront en mesure de remplacer complètement les fonds communs de placement. D’une part, elle mentionne que ce n’est pas l’ensemble des planificateurs financiers travaillant dans les succursales financières qui possèdent les permis en valeurs mobilières requis et ce ne sont pas l’ensemble des firmes de gestion qui possèdent l’infrastructure nécessaire afin d’offrir des FNB. Puis, elle réitère le fait que les fonds communs de placement offrent tout de même certains avantages que les FNB ne sont pas en mesure d’offrir, tel qu’une absence de frais de transaction, une possibilité d’effectuer des virements préautorisés, ainsi que certains avantages au niveau fiscal.

Ensuite, la récente crise de la COVID-19 a entraîné son lot d’enjeux relatifs à certains FNB. En effet, on a pu observer que certains FNB obligataires se sont transigés avec des escomptes importants par rapport à leur valeur nette (NAV : Net Asset Value). Par exemple, le iShares iboxx Investment Grade Corporate Bond ETF s’est transigé à un escompte de 3,3 % par rapport à sa NAV, alors que le VanEck Vectors High Yield Municipal Index ETF s’est transigé à un escompte de 8,3 %Ce faisant, plusieurs investisseurs y ont vu une certaine faiblesse dans la structure des FNB à revenu fixe.

Questionnée à ce sujet, Érika Toth a mentionné qu’elle voyait plutôt ce phénomène comme étant une force dans la structure des FNB plutôt qu’une faille. Selon elle, les FNB obligataires permettaient justement d’avoir accès à de la liquidité dans un moment où les actifs sous-jacents avaient de la difficulté à se transiger. Le cours du marché était simplement une vision plus réaliste de la véritable valeur des obligations sous-jacentes, par rapport à la valeur liquidative du FNB dans son ensemble, qui était en quelque sorte une valeur biaisée à court terme. De plus, elle a affirmé que la structure des FNB à revenu fixe est conçue pour rendre les obligations plus transparentes, liquides et négociables.

La récente crise de la Covid-19 a amené certains investisseurs à se tourner vers des FNB ESG, c’est-à-dire des FNB prenant en considération des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance.

Selon Érika Toth, deux facteurs peuvent expliquer la croissance des FNB ESG au cours de la dernière période. D’une part, les investisseurs sont de plus en plus à la recherche de sociétés de qualité avec des équipes de direction plus prudente, puisque ces sociétés sont davantage équipées afin de faire face à des crises comme celle que nous avons vécue précédemment.

De plus, mettant davantage l’accent sur les enjeux ESG, ces sociétés ont moins de chances de se retrouver dans des scandales de toute sorte, entraînant par le fait même des conséquences financières au niveau de la firme. D’autre part, les risques associés au réchauffement climatique sont devenus de plus en plus clairs et visibles. Ce faisant, un nombre croissant d’investisseurs essaient de faire une différence via leur décision d’investissement en choisissant des sociétés ayant des bonnes habitudes environnementales.

Erika Toth mentionne aussi que les recherches tendent à démontrer qu’il est possible d’avoir des rendements très intéressants tout en intégrant les facteurs ESG. En comparant le rendement cumulatif de l’indice MSCI ACWI ESG Leaders Index à celui de l’indice MSCI ACWI ESG sur la période de novembre 2009 à mars 2019, on constate une meilleure performance du premier indice, soit celui prenant en considération les facteurs ESG.

Pour ce qui est de l’avenir des FNB, à quoi peut-on s’attendre au niveau des enjeux et des principales tendances ?

Selon Érika Toth, le véritable enjeu pour la majorité des investisseurs sera essentiellement en matière de sélection des FNB. En effet, devant la grande quantité de FNB disponibles, il peut être difficile pour un investisseur de choisir le bon FNB convenant à ses besoins. À cet égard, il sera important pour les investisseurs de prendre en considération certains facteurs clés dans le choix de leur investissement, tel que le fournisseur de FNB, les différents FNB offerts par celui-ci, la structure, le coût total ainsi que la liquidité du FNB.

Également, il sera important pour un investisseur de considérer l’impact de l’ajout du FNB dans un contexte de portefeuille, plutôt que simplement considérer les caractéristiques du FNB de manière individuelle.

Dans les années à venir, Erika Toth croit que beaucoup de firmes de fonds communs vont commencer à offrir des FNB. On devrait aussi assister au lancement de nouveaux FNB gérés activement. Finalement, Mme Toth croit que les grands fournisseurs établis seront plus en mesure d’offrir des FNB gérés passivement à moindre coût en raison des économies d’échelle liées à leur très grande quantité d’actifs sous gestion.

L’Institut canadien des Dérivés (ICD)

L’Institut canadien des Dérivés promeut la saine utilisation des instruments dérivés, renforce l’expertise des acteurs et contribue au développement du marché de la gestion des risques et des dérivés à travers le Canada. Notre équipe de formateurs constituée d’experts professionnels offre un programme de formation répondant aux besoins de l’industrie. Notre équipe de chercheurs académiques est des experts en produits dérivés et en gestion des risques et travaille sur des projets d’envergure internationale à fortes retombées pour l’industrie.