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Entraînement

Gravel bike : Conseils pour mieux rouler sur la garnotte

08-04-2021

© Ridley Bikes

L’engouement pour le gravel bike ne se dément pas, comme en témoigne la multiplication des événements au Québec et ailleurs. On vous présente le témoignage d’un passionné et on vous donne quelques conseils pour vous y démarquer.

La retraite n’est pas une raison pour se tourner les pouces, pas plus qu’une pandémie. Bruno Langlois en sait quelque chose, lui qui a décroché la victoire à l’un des rares événements cyclistes tenus à l’été 2020: le Gravel Bikepacking Challenge 500. L’ancien cycliste professionnel a avalé les 500 bornes et 6500 m de grimpe de la première édition de ce défi en un temps exceptionnel de 18h44, mettant plus de deux heures entre lui et son plus proche poursuivant.

Le parcours constitué à 85% de chemins de terre et de pistes de gravier typiques des Cantons-de-l’Est, théâtre de cet événement, n’est pourtant pas tendre pour les quelque 75 participants, «des gens plus aventuriers que la moyenne», aux dires de l’organisation. Ces derniers disposent d’un maximum de 168 heures pour boucler le tout en solo ou en duo, et en totale autonomie.

Malgré sa performance, le propriétaire du bien connu Vélo Cartel, à Québec, a tout de même été pris au dépourvu lors de ce GBC 500. Notamment dans les secteurs tape-cul survolés pleins gaz à la noirceur. «Ma lampe frontale n’éclairait pas assez! Je me suis donc retrouvé à rouler à l’aveugle pendant toute la nuit, en me fiant à mon seul GPS pour m’orienter», raconte celui qui s’était élancé du Vélo Café Endurance Aventure de Magog au petit matin.

Autre difficulté, qu’il ne soupçonnait pas: ses genoux l’ont fait souffrir sur les 100 derniers kilomètres, au point de l’empêcher de se lever sur les pédales. «Au moins, ma gestion de l’effort était impeccable; jamais je n’ai roulé à haute intensité, ce qui a préservé mes réserves en glycogène. En parallèle, j’avalais environ 75 g de glucides par heure de manière à soutenir mon niveau d’énergie», détaille le kinésiologue.

«TRÈS DÉMOCRATIQUE»

© GBC 500

Bruno Langlois, il faut le dire, s’alignait sur la ligne de départ du GBC 500 avec le couteau entre les dents. C’est que le cycliste aurait normalement dû prendre part à divers gravel grinders au cours de la dernière saison. Parmi eux, le fameux Dirty Kanza, qui devait avoir lieu vers la fin de mai à Flint Hills, dans l’État du Kansas. Le contexte sanitaire a cependant forcé son report, puis son annulation pure et simple.

Avec son épreuve reine de 200 miles (environ 320 km) disputée depuis 2006, DK est considéré à la fois comme le championnat du monde non officiel de la discipline et l’événement liminaire, celui qui a en quelque sorte préfiguré l’engouement actuel pour le vélo de garnotte. Preuve de sa popularité, ses participants sont déterminés des mois à l’avance par l’entremise d’une loterie. La prochaine édition, à laquelle Bruno Langlois devrait prendre part aura lieu le 5 juin prochain.

«Le vent et la chaleur sont les deux principales difficultés de cette compétition. Hormis pour les quelques participants qui se disputent la gagne à l’avant, tu n’as toutefois pas besoin d’être un fin tacticien ou un athlète confirmé pour la compléter», indique le cycliste. «Le gravel bike est très démocratique en ce sens. J’encourage les gens à s’inscrire à de tels événements; ils ne le regretteront pas.»


Le GBC 500
Le PDG d’Argon 18, Martin Le Sauteur, et sa fille Béatrice ont pris part à l’édition 2020 du Gravel Bikepacking Challenge 500. Une équipe de cinéastes a suivi le duo dans son épopée, bouclée en quatre jours. Le court métrage qui en a résulté met bien la table en vue de la seconde édition de l’événement, qui se mettra en branle le 14 août prochain. À voir.

Comment être à l’aise sur les chemins

1. Conserver la vitesse acquise
Un marchand de watts est un cycliste qui, grâce à son gros moteur et à sa bonne forme physique, génère de la puissance mécanique à profusion. Bien qu’elle soit utile, cette capacité ne fait cependant pas foi de tout sur les chemins de traverse, où la surface, les obstacles et le moindre effet de sillonnage peuvent mener la vie dure au plus affûté des athlètes. «Contrairement à la route, aucun kilomètre n’est gratuit sur le gravier. Le cycliste qui s’y aventure doit apprendre à conserver sa lancée, pas juste à la générer», indique Bruno Langlois. Un conseil, donc: freinez le moins possible, même si ça peut parfois paraître contre-intuitif.

2. Aiguiser ses habiletés techniques
Rechercher le meilleur tracé possible, orienter son regard vers la direction souhaitée et apprendre à laisser son vélo travailler sont autant d’habiletés de base qui sont fort utiles dans ces lieux où Google Street View ne se rend pas. Pour les développer, il n’y a pas de secret: il faut délibérément se mettre au défi. «Il faut se challenger en se frottant à différents terrains, comme des lignes d’Hydro, des trails de quatre-roues, des champs…», fait valoir l’expert. Pour ce faire, prévoyez sciemment du temps à l’entraînement, si possible en début de séance alors que la concentration est maximale, et la motivation, élevée. Aussi, considérez la pratique du cyclocross et du vélo de montagne.

3. Développer ses qualités musculaires
La caillasse génère une résistance parfois surprenante, du moins bien plus forte que celle offerte par le bitume. Le cycliste qui s’y expose est donc sans cesse confronté à un effet de papier sablé, véritable frein à des vitesses élevées. Ajoutez à l’équation de solides dénivelés – les routes secondaires choisies étant en général assez accidentées –, et vous obtenez des sorties cyclistes qui taxent les muscles sollicités par l’action de tourner les manivelles. «Dans un contexte de compétition, apprendre à monter en force, à faible cadence, peut faire toute la différence», pense Bruno Langlois, qui a ainsi tranché le débat lors d’une étape de la série Gravel Cup Canada, en 2019.

4. Apprendre à grimper en position assise
Les chemins de gravelle sont vivants et changent au fil des saisons, des caprices de dame Nature et, parfois, de ceux d’une niveleuse. Résultat: le sol est souvent meuble, surtout en montée. Cela a pour conséquence d’empêcher le cycliste de grimper en danseuse, au risque de voir sa roue arrière déraper. Garder les fesses bien vissées à la selle de son gravel bike s’impose. «La capacité à stabiliser son tronc, de manière à pouvoir maintenir une tension adéquate dans les jambes, m’apparaît encore plus importante que sur la route», observe Bruno Langlois. Des exercices de renforcement des muscles abdominaux et dorsaux (unité centrale) sont tout indiqués.

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