Plusieurs ombres discutant devant un mur représentant la Bourse sur laquelle on voit en grand un logo de recyclage.
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Le Canada prend du retard en matière de finance durable et l’industrie financière doit accélérer le pas, selon un rapport dévoilé jeudi par l’Institut de la finance durable.

L’institut associé à la Smith School of Business de l’Université de Queen’s à Kingston en Ontario fait le suivi des 15 recommandations émises par le Groupe d’experts sur la finance durable publiées en 2019. « Bien que la publication du rapport ne remonte qu’à deux ans et que nous soyons aux prises avec une pandémie depuis un an et demi, il est clair que les progrès sont trop lents et qu’il y a encore beaucoup à faire », peut-on lire dans le document.

Pour Roger Beauchemin, président et chef de la direction chez Addenda Capital, il y a « urgence » d’agir pour développer la finance durable au Canada et au Québec. « Il faut accélérer le pas parce que c’est essentiel à la compétitivité du Canada, dit le financier qui fait partie du comité aviseur de l’Institut. Si on ne prend pas la vitesse « grand V », le Canada va prendre un retard. Il faut être plus déterminé. »

Les auteurs se sont entretenus avec 34 membres de la communauté financière, dont le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, et de hauts dirigeants de grandes banques canadiennes et d’assureurs. Le constat qui est revenu le plus fréquemment au cours des entretiens est que le Canada prend du retard par rapport au Royaume-Uni et à l’Union européenne.

Contexte réglementaire

C’est notamment le cas pour le débat à savoir s’il faut prioriser le rendement ou investissement durable. La responsabilité fiduciaire des gestionnaires de portefeuille est de prioriser le rendement de leurs déposants.

Ces deux objectifs sont complémentaires, mais ce constat n’est pas aussi clairement appliqué dans la réglementation canadienne, estime Roger Beauchemin. « Il faut éclaircir la responsabilité fiduciaire. Il faut dire clairement aux investisseurs [institutionnels] que de considérer les aspects de durabilité, c’est complètement aligné avec les intérêts de nos clients. »

Les progrès à cet égard depuis 2019 ont été « modérés », selon le rapport. Les auteurs affirment qu’il n’y a pas eu de changements législatifs pour clarifier la situation, mais que plusieurs investisseurs institutionnels ont décidé de prendre compte de la finance durable dans leur décision.

C’est le cas de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) qui a annoncé à la fin septembre son intention de sortir de la production de pétrole d’ici la fin de l’année 2022. Elle veut faire passer la taille de ses actifs sobres en carbone de 36 G$ à 54 G$ d’ici 2025.

La finance durable doit être comprise comme étant plus large que seulement les enjeux climatiques, ajoute Roger Beauchemin « Il faut regarder la durabilité au-delà du climat. Il faut regarder les aspects sociaux, la justice sociale de la transition. Il faut regarder l’environnement comme étant plus large que juste le climat, en pensant à la biodiversité par exemple. »