Le himbo, pendant masculin de la bimbo, connaît enfin son heure de gloire

© Magic Mike

Il est beau, gentil, pas compliqué, et il l'assume. En clair, il est l'antithèse quasi parfaite de la masculinité toxique.

Dans la galaxie des nouvelles masculinités, il n'y a pas que les crypto bro, ces fans de muscu, de NFT et de philosophie version allégée, ou les manic pixie dream boyfriends, ces hommes fantasques, loufoques et libérés, qui veulent à tout prix nous « rendre la vie plus belle ». Dorénavant, il y a aussi les himbo, nés de la pop culture et portés par l'industrie de la mode. Présentation.

Qui est le himbo ?

Il n'y avait a priori pas besoin de créer ce néologisme puisque le terme « bimbo », téléporté exclusivement sur des femmes blondes et plantureuses au fil des années, était originellement non genré. Mais bon. Comme elle, le himbo est beau, simple et gentil. D'aucun dirait qu'il est un peu stupide, d'autres préfèrent le voir comme un naïf adorablement optimiste. Comme l'explique Priya Elan dans The Guardian, le himbo ne serait rien de moins que l'antidote à la masculinité toxique : ni condescendant, ni narcissique, il n'a pas vocation à se la raconter génie tourmenté et à manier l'ironie comme une épée. Le Urban Dictionary propose aussi sa définition du himbo, un peu plus sévère toutefois : « Il est un peu lent, mais il fait de son mieux. Grand, costaud, il a presque toujours un beau cul, et boit son café avec un nuage de respect pour les femmes. La plupart du temps, la seule chose que l'on détecte dans son cerveau c'est une musique d'ascenseur. Ne le faites juste pas trop réfléchir, et cela devrait aller. »

Qui est le himbo dans la pop culture ? Le secrétaire joué par Chris Hemsworth dans la version 2016 de Ghostbusters, Joey dans Friends, Jason dans The Good Place, Channing Tatum dans Magic Mike, Sam dans Glee, Kelso dans That '70s Show, ou encore Ricky dans la comédie musicale The Rocky Horror Picture Show. Un type relax et bien dans ses baskets, qui ne connaît ni le cynisme ni le sarcasme. Que c'est rafraîchissant ! Contrairement à la bimbo remixée à la sauce Y2K, le himbo n'avait jusqu'à maintenant pas vraiment de style vestimentaire défini. Comme le souligne Highsnobiety, c'était sans compter sur l'arrivée des nouvelles collections automne-hiver 2022 de JW Anderson, GmbH et Jean-Paul Gaultier, qui à coups de crop tops à sequins, mini shorts, cuissardes et ceintures à gros logo ont conféré au himbo 2022 son uniforme attitré. Merci à eux.

Himbo pour hommes vs himbo pour femmes

Dans son ouvrage Manhood in America, le sociologique américain Michael S. Kimmel explique qu'il y a des différences fondamentales entre la manière dont le himbo est digéré par la pop culture, selon que le persona soit conçu à destination d'un public masculin ou féminin. Pour les hommes, le himbo est surtout un super-héros qui s'adonne à la muscu et sauve le monde (pensez Rocky ou T-800 joué par Arnold Schwarzenegger dans Terminator). Pour les femmes, le himbo est plutôt drôle et doux. (Et accessoirement, plein d'abdos.) De bonne composition, il se comporte comme un nice guy (un mec gentil, autre trope prisé par la pop culture), à la différence qu'il n'attend rien en retour de ses bonnes actions et que sa prévenance est authentique. Loin de lui l'idée de pratiquer le wokefishing pour séduire sur les app de rencontres, le himbo est tout simplement trop honnête pour ça. Quant à objectifier les femmes, très peu pour lui : en tant que hot piece of ass (beau gosse bien gaulé), il ne sait que trop bien qu'être jugé sur son physique est désagréable. Dernière subtilité : selon son gabarit, le himbo se décline en himbim, d'après la classification établie par l'internaute the rogue feminist sur Tumblr.

Embrassez la bimbo qui est en vous

Cet essor du himbo ne sort pas de nulle part. Il est la conséquence directe du grand retour de la bimbo. Depuis la pandémie, la bimbo que l'on connaît depuis toujours, cette grande blonde écervelée juchée sur de hauts talons, est selon Refinery29 réapparue en 2020 sous les traits de la bimbo New Age. Pourquoi ce retour de la bimbo ? Tout d'abord, à cause de son éthos : « No thoughts, head empty, just vibes » (pas de pensées, la tête vide, juste des ondes). De TikTok à Reddit, son mantra trouve un écho chez des internautes soucieux d'échapper à leurs multiples pensées anxiogènes.

Plus étonnant, la bimbo serait en passe de s'imposer comme nouvelle icône féministe. Comme l'explique chrissychlapecka, égérie des bimbos sur TikTok aux 4 millions d'abonnés, la bimbo « se contre-cale de ce qu'on dit d'elle (...) La bimbo est pro-choix, pro-travail du sexe, pro-Black Lives Matter. (...) Et nous aimons être jolies pendant que nous soutenons ces combats. » Après la girl boss qui fatiguait tout le monde avec ses velléités entrepreneuriales, that girl qui se levait à 5 h du matin pour manger des graines de chia ou, à l'autre bout du spectre, la manic pixie dream girl qui ne jurait que par la poésie d'Emily Dickinson et les groupes indé islandais, la bimbo, avec ses tenues roses, ses tout petits chiens et son sourire qui irradie gentillesse et confiance en soi, serait finalement plus que bienvenue.

Laure Coromines

Laure Coromines

Je parle des choses que les gens font sur Internet et dans la vraie vie. Fan de mumblecore movies, de jolies montagnes et de lolcats.
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