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Biocontrôle : une bactérie contre la pourriture des châtaignes

Depuis 2018, une nouvelle maladie produit des dégâts de pourritures sur la châtaigne. Une solution de biocontrôle à base de bactérie appliquée par pulvérisateur a présenté de bons résultats. D’autres produits sont testés en micro-injection.

Depuis 2018, le nouveau pathogène Gnomoniopsis castanea bouleverse le monde de la châtaigne. Bien que peu présent en 2021, ce champignon a pu entraîner jusqu’à 50 % de pertes de récolte les années précédentes. De plus, les dégâts ne sont pas toujours visibles à la récolte mais s’accentuent lors du stockage. C’est lors de l’utilisation des fruits que l’impact réel est mesuré. Tous les maillons de la filière sont donc affectés. Retrouvé dans la quasi-totalité des échantillons de fruits pourris, ce champignon s’est installé durablement dans les vergers. Sans aucune solution à ce jour, ce champignon est devenu la priorité de l’expérimentation sur châtaignier en France, avec le projet Antigone, comme dans les autres pays producteurs européens (Italie, Espagne, Portugal).

Invenio teste depuis 2019 des solutions de biocontrôle ou alternatives : un stimulateur des défenses naturelles, un biostimulant, un micro-organisme auxiliaire, un produit à base de bactéries et un fertilisant italien. Le produit à base de la bactérie Bacillus subtilis a montré une efficacité comprise entre 40 et 82 %, durant les trois années d’essai. « Ce produit a été appliqué à quatre reprises au printemps pour encadrer la floraison et deux fois au moment de la coloration des fruits à pleine dose », relate Nathalie Lebarbier d’Invenio.

Le produit est aujourd’hui en attente d’homologation. En 2021, les essais ont été étendus à des parcelles de producteurs avec un calendrier de traitement allégé : trois applications à floraison et une à la coloration des fruits avec des doses inférieures à celle appliquée sur le site expérimental de Douville (Dordogne). « Des résultats ont été visibles sur un seul des trois sites, constate l’expérimentatrice. Mais les taux de dégâts étaient faibles cette année. En 2022, l’objectif sera de définir les modalités d’application (doses, fréquence) de ce produit afin de diminuer le coût de la protection pour les producteurs », annonce-t-elle.

La micro-injection pour les arbres de grand volume

Sur ces essais, les applications ont été faites au pulvérisateur à jet porté. Pour garantir une bonne maîtrise de la pulvérisation, délicate à obtenir sur des arbres de grands volumes, les essais sont conduits sur une parcelle de Bétizac en 8e feuille avec une hauteur de 5 m environ. « Nous avons pu vérifier que le produit était bien appliqué sur l’ensemble de la canopée », témoigne la chargée d’expérimentation d’Invenio. D’autres techniques d’application sont à l’étude par le CTIFL comme la micro-injection sécurisée. Depuis 2021, cette nouvelle méthode est évaluée pour la lutte contre les pourritures du fruit.

« Un nouveau projet Mispa, porté par le CTIFL, intègre l’évaluation de la micro-injection pour la protection des arbres sur pommier, châtaignier, noyer, kiwi et cerisier sur des ravageurs ou maladies spécifiques à chaque espèce », détaille Florence Verpont du CTIFL. Une solution intéressante pour diffuser un produit dans toute la canopée des arbres de grand volume. Un produit de biocontrôle à base de phosphanate de potassium a été testé cette année avec cette technique de protection. « Les résultats sont prometteurs, annonce Nathalie Lebarbier. La liste des produits injectés pour lutter contre la pourriture va être élargie dans les trois campagnes à venir mais on reste sur des produits de biocontrôle. C’est une demande de la profession. »

Le projet comprend aussi des essais avec l’injection de produits contre les chenilles tordeuses sur châtaignier. En dehors de l’efficacité agronomique de la technique, le projet doit déterminer la taille de l’aiguille pour le positionnement du produit dans le xylème et le nombre de points d’injection. « Nous observons aussi le phénomène de cicatrisation au niveau du point d’injection, ajoute Florence Verpont. Des analyses de résidus de produits sont aussi faites à la récolte. »

Une maladie liée au changement climatique

Le champignon Gnomoniopsis castanea a été pour la première fois décrit en Italie en 2012 et depuis dans plus de de douze pays en Europe, Asie ou Océanie. Son expansion serait due à la conjonction de deux phénomènes : une évolution des conditions climatiques, printemps pluvieux couplés à des étés et automnes chauds, et la présence du cynips qui affaiblit les arbres et dont les galles sont un refuge d’inoculum pour le champignon. Gnomoniopsis est a priori présent toute l’année dans le végétal. Il peut vivre à l’intérieur du végétal sans entraîner de conséquences néfastes. Des étés chauds semblent favorables à l’apparition des symptômes de pourriture des fruits.

Un des volets du projet Antigone est de vérifier cette hypothèse. L’infestation se produit au moment de la floraison, d’où l’encadrement de la floraison avec des traitements. Les fleurs infectées vont conduire à la formation de fruits qui exprimeront ou pas les symptômes de pourriture. A l’automne, fruits et bogues sont le lieu de la phase de reproduction sexuée du champignon et constituent ainsi l’inoculum pour l’année suivante. La coloration des fruits est l’indicateur du début de la chute des fruits, cibler un traitement à ce stade permettrait de limiter la propagation des spores. Les spores sont transportées par le vent ou les insectes, soit sur les fleurs pour reproduire un nouveau cycle, soit sur les branches ou les feuilles d’où elles pourront se reproduire par phase asexuée et contaminer à leur tour les feuilles.

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