es viticulteurs ont commencé à utiliser la bouillie bordelaise pour lutter contre le mildiou, arrivé au vignoble 5 ans plus tôt dès 1883. « La longévité de l’utilisation du cuivre est liée à son action multisite, rendant peu probable l’apparition de résistances » a expliqué Audrey Petit, ingénieure à l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) Occitanie, lors d’un webinaire organisé en partenariat avec Vitisphere ce 2 février.
Revers de la médaille, étant un produit de contact, il n’est efficace que sur les feuilles ou grappes présentes au moment de la pulvérisation, et il est facilement lessivable. « Ponctuellement, le cuivre peut s’avérer phytotoxique et générer une mortalité importante à la plantation dans les sols où il est présent en trop grande quantité » a poursuivi Audrey Petit, rappelant également que des études sont en cours pour évoluer son impact sur l’environnement.
« Ces mauvais côtés en font une matière active très encadrée et candidate à la substitution en Europe. En France, à côté des produits déjà désormais concernés par la mention Spe1, on s’attend à voir disparaître le lissage et apparaître un plafond à 4 kg/ha/an de cuivre, en plus de disparités sur le nombre d’applications possibles, une ZNT aquatique à 20 mètres et une DSR à 10 mètres » a listé l’ingénieure.
Face à cette situation, l’IFV et d’autres organismes techniques ont recherché des solutions alternatives. « En bio on a des produits de biocontrôle, des microorganismes et des substances de base. En conventionnel, les viticulteurs peuvent en plus utiliser les phosphonates à action systémique, l’Etonan, Tenrok, ou Redeli » a illustré Audrey Petit.
Romeo, Limocide, Bastid, LBG… L’IFV a multiplié les essais dans différentes régions et pendant plusieurs millésimes, avec de bons résultats sur les phosphites et huiles essentielles d’orange douce appliqués en préventif. Au vignoble, les produits type PNPP et extraits de plante sont fragiles et perdent l’efficacité qu’ils peuvent avoir au laboratoire.
« A ce jour, l’idée de remplacer le cuivre est trop simpliste, mais on peut optimiser son utilisation, ne traiter que lorsque c’est nécessaire en réduisant les doses, à l’aide d’outils d’aide à la décision tels que Decitrait » a conclu Audrey Petit, cédant la parole à Nicolas Aveline, ingénieur pour le pôle Bordeaux-Aquitaine de l’IFV.
Dans ses essais en 2021, complémenter le cuivre avec des produits de biocontrôle tel que Pur’Mel 4, un mélange de purin de 4 plantes a parfois légèrement permis de limiter les dégâts de mildiou, « sans différences significatives » a-t-il nuancé, avant d’évoquer les travaux en cours sur des produits de biocontrôle seconde génération, tels que les polyphénols, les micro-algues, les lysats d’amibes, ou les peptides antimicrobiens.
« On peut aussi jouer sur la prophylaxie, en ramassant les feuilles tombées à l’automne, ou miser sur des solutions physiques, tels que les UV ou Viti-Tunnel ».
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