Produire des insectes pour mieux produire des fraises

21 juin 2022 - Eloi Pailloux 
Face aux pucerons qui attaquent les fraises, sous les serres, plusieurs acteurs de la filière jouent la carte du biocontrôle. Le projet Aphidius 2.0, lancé en mars 2022, vise à mettre en place un élevage d'hyménoptères parasitoïdes du puceron, qui protégeront les cultures face au ravageur.

Même dans un milieu en partie contrôlé comme une serre, les pucerons menacent les fraises. Pour limiter les dégâts, la filière souhaite trouver une alternative aux insecticides. L’association d’organisations de producteurs nationale Fraises de France et la marque Savéol ont uni leurs forces pour créer une entreprise, Frais’Nat, afin de mener le projet « Aphidius 2,0 ». Le concept est simple : produire des insectes, et plus précisément des hyménoptères, parasitoïdes du puceron. En organisant des lâchers dans les serres, les producteurs espèrent que ces hyménoptères neutraliseront les ravageurs. Une stratégie 100 % biocontrôle, donc !

Une solution clé-en-main pour les producteurs de fraises

Plusieurs partenaires sont impliqués, dont l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et la coopérative fruitière Scaafel. L’Agence national de la recherche (ANR) est impliquée dans le financement du budget de ce projet, établi à 300 000 euros, sur trois ans. Une somme qui ne sera pas de trop, car si le concept est relativement simple, le concrétiser s’avère complexe. « La lutte biologique contre les pucerons avec les auxiliaires vendus actuellement sur le marché reste souvent inefficace, car ces insectes élevés en masse ne sont pas spécifiquement adaptés à la culture de la fraise », explique Estelle Postic, ingénieure R&D chez Frais’Nat. L’objectif ici est donc d’aboutir à un parasitoïde « sur mesure ».

Sélection génétique et plantes relais

Cela passe par une sélection génétique des hyménoptères les plus adaptés. Après avoir commencé à constituer en 2021 et 2022 des souches de parasitoïdes, Frais’Nat expérimente actuellement différentes populations en serre expérimentale. L’idée est également de caractériser les meilleures conditions pour les libérer dans les serres. Une piste est privilégiée : installer dans les serres des plantes « relais » qui hébergent les insectes en attendant que le fraisier soit suffisamment mature. Les premiers tests en conditions de productions débuteront en 2023.

Objectif : proposer une offre commerciale de parasitoïdes clé-en-main aux producteurs de fraises françaises de l’AOPn Fraises de France d’ici à 2024.

Laisser un commentaire

Recevoir la newsletter

Restez informé en vous abonnant gratuitement à la newsletter