Une attente qui valait la peine, selon la CCHADO 

Le site du nouvel hôpital à Gatineau

Le discours de la Coalition pour un centre hospitalier accessible et durable en Outaouais (CCHADO) contrastait jeudi avec celui des derniers mois lors desquels quelques flèches ont été décochées de part et d'autre. La satisfaction est palpable dans ses rangs face au choix du gouvernement pour le site du nouvel hôpital à Gatineau. 


Le regroupement estime que les délais supplémentaires et les arguments qu'il a présentés ont pesé lourd dans la balance pour jeter son dévolu sur les terrains en bordure de la rue d'Edmonton, dans le secteur Hull. 

«Je pense que les six ou huit semaines qu'on a pris de plus, ça valait la peine. On arrive aujourd'hui à un consensus. On a réuni hier la Coalition et à 100%, les gens appuient cette décision-là. Ce qui est facilitant aussi, c'est qu'il y a une banque de terrains qui va être offerte par la Ville, ça va faciliter un peu la tâche», de dire l'ancien maire et président du Conseil régional de l'environnement et du développement durable de l'Outaouais (CREDDO), Marc Bureau.

L'ancien maire et président du Conseil régional de l'environnement et du développement durable de l'Outaouais (CREDDO), Marc Bureau.

L'ancien politicien dit que c'est après la rencontre de la délégation régionale avec le ministre de la Santé (Christian Dubé) en avril à Québec qu'on a senti qu'il y avait un véritable point tournant dans ce dossier. 

Ce dernier admet que «c'est sûr qu'il va y avoir des défis» avec le site retenu, avouant qu'il ne s'attendait pas à autant d'expropriations de commerces, mais les avantages l'emportent au final, selon lui.

«On est près du Rapibus, les gens qui vont venir de l'extérieur vont pouvoir avoir des services d'hébergement, des centres d'achat, de la restauration, tout est là. Il y a beaucoup plus d'avantages à s'installer là. Même si ce n'est pas au centre-ville, c'est très près», a-t-il soutenu.

M. Bureau a par ailleurs annoncé que la CCHADO ne sera pas dissoute et continuera à militer au besoin dans d'autres dossiers régionaux d'importance, en plus de surveiller les étapes à venir pour l'hôpital.

«On a appris à travailler ensemble, on a réussi à arriver avec une belle annonce, on veut s'impliquer dans la ville», a-t-il lancé.

Action Santé Outaouais

Souvent critique du système de santé, l'organisme Action Santé Outaouais se dit soulagé et satisfait du site retenu pour cet hôpital d'envergure.

«C'est un bon compromis. Ça me donne l'impression que la classe politique, la gestion du CISSSO et la Ville ont su travailler ensemble, ont su trouver les bonnes solutions, tirer les ficelles. Moi, je dis bravo. Je pense que comme citoyen ordinaire, on ne peut qu'applaudir. [...] Pour nous, le centre-ville n'était pas le plus important, ce qui importait c'était d'avoir assez d'espace pour recevoir un hôpital qui a du bon sens. On l'a, cet espace», affirme le président Denis Marcheterre.

Ce dernier est optimiste, mais très réaliste pour la suite en matière d'offres de soins de santé dans la région, notamment en considérant la pénurie de main-d'œuvre.

«Ça se présente bien, je dirais que les discours qu'on a entendus ce matin sont ceux que l'on doit entendre, mais il y a loin de la coupe aux lèvres, il y a du travail à faire en tabarouette pour rattraper le temps perdu. Ça veut dire que comme citoyen, i faut maintenir la pression pour être sûr que les politiciens n'oublient pas, d'autant plus que des élections s'en viennent. Les nouveaux élus ne devront pas oublier le consensus qu'on a bâti cette semaine, mais bon, c'est bien parti», a-t-il renchéri.

M. Marcheterre n'y voit pas de problème si le délai avant l'ouverture de l'hôpital est un peu plus long, pour autant qu'on se concentre sur la qualité des services qui y seront offerts et l'amélioration du reste du réseau dans la région.

«L'hôpital en soi, c'est beau, on en a besoin c'est évident, mais ça ne réglera pas les problèmes à Shawville, à Maniwaki ou à Fort-Coulonge. Il y a autre chose à faire. Les années qui s'accumulent pour la construction ne m'inquiètent pas, c'est le reste qui m'inquiète. Va-t-on oublier le reste? Il ne faudrait pas», lance-t-il.

«On ne peut pas se tromper», dit la STO

La Société de transport de l'Outaouais (STO), dont le corridor du Rapibus passe à quelques dizaines de mètres du site retenu, applaudit elle aussi le dénouement dans cette affaire.

«En février dernier, les membres de notre C.A. se sont clairement positionnés en faveur d'un site au centre-ville de Gatineau qui puisse permettre une desserte en autobus à haute fréquence. Avec le corridor Rapibus, on ne peut pas se tromper. Quand on planifie et construit de grands axes de l'ampleur du Rapibus, c'est exactement le genre d'infrastructures et de développements qu'on souhaite desservir», de dire le président Jocelyn Blondin.

Un tir réajusté qui plaît

De son côté, après avoir ajouté son grain de sel en mars dernier en demandant au gouvernement de faire preuve d'exemplarité dans ce dossier en matière d'aménagement du territoire, l'Ordre des urbanistes du Québec (OUQ) est favorable au choix de la province.

«Le site tient compte de plusieurs préoccupations exprimées par l’Ordre des urbanistes, notamment il est bien desservi par le réseau de transport collectif, proche du centre de l’agglomération et cohérent avec le schéma d’aménagement de la Ville de Gatineau. Nous saluons la décision du gouvernement, qui a su écouter les préoccupations du milieu et réajuster le tir. Manifestement, la Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire commence déjà à porter fruit et c’est une bonne nouvelle», de dire la vice-présidente Nathalie Prud'homme.

L'organisation stipule néanmoins que «les multiples rebondissements ont mis en lumière la nécessité d’une politique de localisation des édifices publics, avec des critères transparents qui misent sur la consolidation urbaine, le transport durable et le renforcement de nos centres-villes et de nos coeurs de village».