La diversité des acceptions du concept de « biocontrôle » en France

Un article publié par Cahiers Agricultures en août 2022 s’intéresse aux différents sens que revêt le concept de « biocontrôle ». Dans un contexte où la réduction des produits phytosanitaires est devenue un objectif affiché par la plupart des actions publiques et des professionnels du monde agricole, le biocontrôle est considéré comme une solution. Il fait écho à la lutte biologique, plus ancienne et consensuelle, qui se fonde uniquement sur l’utilisation d’organismes vivants. Dès lors, les auteurs s’interrogent sur les acceptions que recouvre ce nouveau concept apparu en 2011. Pour répondre à cette question, ils ont mené une analyse des définitions proposées par les institutions et les professionnels, ainsi qu’une analyse lexicale des publications scientifiques ou de vulgarisation.

Les auteurs mettent en évidence la polysémie du terme « biocontrôle », en dépit d’une définition officielle portée par le ministère en charge de l’agriculture : il s’agit d’un ensemble de méthodes de protection des végétaux basé sur l’utilisation de mécanismes naturels précisés dans le code rural et de la pêche maritime (macro-organismes, micro-organismes, médiateurs chimiques, substances naturelles animales, végétales ou minérales). Les interprétations diffèrent selon les acteurs. À titre d’exemple, les approches du Cirad et d’Inrae se fondent sur la définition officielle, mais l’Académie d’agriculture propose, elle, une acception à la fois plus englobante, en intégrant des méthodes culturales, et plus restrictive, en ne prenant pas en compte l’utilisation des substances minérales. Cette exclusion est d’ailleurs reprise par la Commission européenne.

Évolution du nombre de publications scientifiques en français portant sur le biocontrôle et la lutte biologique

Source : Cahiers Agricultures

Le terme connaît depuis 2019 un succès grandissant dans la littérature scientifique, au détriment de la « lutte biologique » (figure ci-dessus), témoignant d’un renouvellement des concepts. Enfin, même si les auteurs ne le précisent pas directement, l’essor de ce terme pourrait également témoigner d’une approche plus holistique de la protection durable des cultures.

Johann Grémont, Centre d’études et de prospective

Source : Cahiers Agricultures

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