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Interdiction à la location des passoires thermiques : Bruno Le Maire prêt à revoir le calendrier

Dans une interview au « Parisien », le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, ouvre la voie à une révision du calendrier d'interdiction de louer des passoires thermiques. Une demande répétée des professionnels du logement.

Les travaux de rénovation sont complexes à engager dans les copropriétés.
Les travaux de rénovation sont complexes à engager dans les copropriétés. (Shutterstock)

Par Elsa Dicharry

Publié le 26 sept. 2023 à 20:06Mis à jour le 27 sept. 2023 à 11:02

Les professionnels de l'immobilier l'appelaient de leurs voeux depuis des mois, sans vraiment y croire. Dans une interview au « Parisien », le ministre de l'Economie Bruno Le Maire ouvre la voie à une révision du calendrier d'interdiction à la location des passoires thermiques.

La loi Climat et Résilience a prévu de sortir de la location tous les logements classés G au titre du diagnostic de performance énergétique (DPE) à partir de 2025 et tous les F en 2028. Or les délais s'avèrent particulièrement difficiles à tenir. Surtout dans les copropriétés où il faut arracher le vote d'une majorité de propriétaires, qui n'ont pas forcément les moyens financiers d'engager ces chantiers. Et où il faut souvent au moins trois ans, en cas de vote, entre la décision d'enclencher des travaux et leur réalisation effective.

« Etre pragmatique »

Sur les passoires thermiques, « Je considère que tout ce qui a été décidé avant la hausse des taux mérite d'être regardé à nouveau à l'aune de cette crise. Ce qui était possible lorsque l'argent était disponible, devient impossible avec des taux aussi élevés. Il faut être très pragmatique et regarder si on peut décaler les calendriers. Je suis membre d'un gouvernement, donc je suis solidaire. Mais à titre personnel, j'y suis très favorable, en particulier pour les copropriétés », a indiqué Bruno Le Maire au « Parisien ».

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« Je suis contre toute écologie punitive », a-t-il ajouté - s'interrogeant aussi sur la nécessité d'améliorer le DPE. Un travail déjà engagé mais qui reste sur le métier. « Mais mon objectif reste le même, nous devons être la première économie européenne décarbonée en 2040 », a-t-il cependant ajouté.

Il y a quelques jours, le ministre du Logement, Patrice Vergriete, s'était de son côté interrogé sur l'opportunité pour les propriétaires d'appartements G à la location de réaliser des travaux a minima pour gagner une étiquette. Sans en passer par le vote de la copropriété. De quoi offrir un sursis de trois ans à ces logements.

Marché proche du blocage

Depuis des mois, les professionnels de l'immobilier alertent sur le risque d'une sortie massive de logements du parc locatif du fait de ces interdictions à venir. La Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) avait évalué leur nombre à 500.000.

La menace est d'autant plus grande aujourd'hui que le marché de la location est proche du blocage . Les ménages qui ne peuvent plus acheter leur appartement ou leur maison à cause du renchérissement du crédit immobilier restent en location.

Face aux contraintes croissantes liées à la location, certains propriétaires-bailleurs ont fait le choix de vendre leurs logements. Résultat, l'offre se contracte quand la demande augmente. Quelles que soient les solutions envisagées, il faut sortir de l'impasse. Reste à parvenir à le faire sans sacrifier l'écologie.

Une déclaration qui divise

« Le bon sens reprendra-t-il le dessus alors que l'outil de mesure [le DPE, NDLR] n'est toujours pas au point ? », a réagi sur X (anciennement Twitter) l'ancien président de l'Union nationale des propriétaires immobiliers (Unpi), Christophe Demerson. « Le point de vue du ministre de l'Economie, à l'heure où s'ouvrent les débats du Projet de loi de finances, est plus que bienvenu », a abondé le syndicat de l'immobilier Unis.

« Retirer des droits aux locataires des passoires, ralentir la rénovation énergétique, bloquer les copropriétés : tout ça parce que... les taux d'intérêt ont augmenté ? Le gouvernement est en plein reniement », a au contraire estimé Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre.

Elsa Dicharry

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